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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 15:08

 

>>>> La vie dans une plantation de canne à sucre...


C'est avec AxxA et son mari NxxxY, que j'ai découvert ce qu'était que de vivre au rythme du Swaziland...

 

AxxA est une femme au foyer d'une cinquantaine d'années, qui habite une maison située en plein milieu des champs de canne àsucre, à Tambankulou. Elle est originaire de Durban, mais a quitté l'Afrique du sud à 19 ans, quand elle est tombée enceinte, pour suivre son futur mari Swazi d'adoption (né Zimbabwéen, mais comme beaucoup de blancs au Swaziland, jeté dehors par le régime dictatorial de Mugabe).

NxxxY, son mari, travaille dans la canne à sucre, comme toutes les personnes des environs d'ailleurs... Il dirige la division irrigation de sa compagnie, Tongaat Hulett, la plus grosse exploitation sucrière de la région après The Royal Swaziland Sugar Corporation Limited (RSSC), celle du roi. Quand l'exploitation était sous l'égide Israélienne, il dirigeait la division "agrume", mais suite à son rachat par les sud africains, les champs d'agrumes ont été remplacés par la canne à sucre, plus rentable, et les personnes qui y travaillaient ont été remerciées. NxxxY a eu de la chance... Il a pu être reclassé. Certes, il a perdu des avantages (voyage en Israël, aides familiales, assurance maladie, etc.), mais il a conservé sa maison payée par sa société, et son boulot aussi... Dans le temps, il y avait 35 familles blanches vivant sur l'exploitation... Il n'en reste plus que cinq aujourd'hui...

 

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Quand je suis arrivée le samedi, AxxA est venue me chercher devant le supermarché Boxer de Simunye, à une vingtaine de kilomètres de chez elle, car là où elle habite, tu n'as ni transport, ni supermarché... Ce jour là, il pleuvait des cordes... On s'est vite réfugiées dans sa voiture et sommes directement rentrés chez elle.

 

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Là, j'ai été accueillie par les 25 animaux, plus ou moins sauvages, qui vivent chez elle, en liberté : deux chiens, dix chats, trois chatons, huit dassies (des sortes castors), un singe (le seul à vivre dans le jardin), et le pire de tous, une mangouste prénommée Gecko. Ma mère me disait souvent, quand j'étais paniquéà la vue d'une araignée, que les petites bêtes ne mangent pas les grosses... Et bien c'est parce qu'elle n'a jamais rencontré cette furie de la nature... une petite bête au demeurant inoffensive, mais qui te court après et t'attaque sans crier gare quand tu rentres sur son territoire (qui est la buanderie et le jardin).

 

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La plupart de ses animaux sont des rescapés... Habitant dans les champs de canne à sucre, à la saison des brûlis (avant de couper la canne, les compagnies sucrières brûlent les champs, augmentant ainsi la concentration de sucre dans la canne), les animaux qui vivent dans les plantations sont pris au piège des flammes, et les plus chanceux arrivent à s'en échapper et se réfugient dans son jardin. C'est ainsi qu'elle a récupéré Kiets, un chaton gris brûlé sur tout le flanc, un miraculé, car sa mère et les six autres chatons de la portée n'ont pas survécu (il a été retrouvé sous le ventre de sa mère, qui tentait, vraisemblablement, de le protéger), ou encore la plupart des dassies qui vivent chez elle...

Comme c'est de notoriété publique (tout se sait dans une communauté aussi petite), dès qu'un animal est blessé, c'est chez AxxA qu'il est envoyé... Le singe, il est arrivé chez elle car sa mère, qui n'avait pas encore mis bas, s'est fait renversée par une voiture - seul le nouveau-né a pu être sauvé ; Whisky, un des chats, a été transpercé par les griffes d'un aigle, tellement profondément que sa moelle épinière a été infectée ; les dassies, c'est de la casserole qu'ils ont été sauvés, car les Swazis, quand ils les trouvent dans les champs, ils les cuisinent en soupe ou en ragoût ; Katy, une chatte noire, a été récupérée car des enfants s'en servaient comme ballon de football quand elle était encore chaton ; quant à cet horrible Gecko, il a été retrouvépar un fermier car il gémissait. Il avait faim... Sa mère l'a rejeté car il avait des déformations physiques (sa queue et ses griffes étaient plus petites que la normale).

Du fait de son expérience, elle a reçu un pouvoir du Roi lui permettant de confisquer des animaux sauvages et de les garder temporairement chez elle, le temps de les remettre sur pied. Elle a ainsi gardé dans son jardin un zèbre, des singes, des mangoustes, etc. qu'elle a ensuite relâché dans les réserves des environs... Mais tout ça, elle le fait à titre bénévole, car le Roi est trop radin pour "l'officialiser" vétérinaire et financer une partie de l'alimentation ou des médicaments de tous ces animaux. Je l'appelle « AxxA au grand coeur », car en plus de ça, elle assiste, toujours à titre gratuit, le chirurgien vétérinaire du pays... Chaque année, elle participe à des sessions « ablation d'ovaires » sur les animaux des villageois. Pendant trois jours, une équipe de volontaires opèrent une centaine d'animaux afin d'éviter qu'ils se reproduisent. C'est une sorte de travail à la chaîne oùchaque volontaire a une mission bien précise... Le premier inocule l'anesthésiant, le second ouvre le chien ou le chat, le suivant (en l'occurrence AxxA, car elle a les doigts fins) attrape les ovaires et les coupe, puis un autre recoud, et le dernier s'occupe du réveil de tout ce petit monde...

 

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Au fur et à mesure de nos conversations, j'ai découvert qu'elle était pâtissière aussi. Elle fait et vend des gâteaux d'anniversaire, de mariage ou de Noëà tous le pays. Tout a commencé quand elle a eu besoin de traveller's check de toute urgence, sachant que le délais normal est d'une semaine... Sa banquière a réussi à les obtenir à temps, et pour la remercier, elle lui a préparé un gâteau. Le gâteau était tellement beau et bon que sa banquière l'a rappelée le lendemain pour lui demander combien elle vendrait ses gâteaux si elle avait à lui passer une commande... C'est ainsi que son « business » est né... Enfin si on peut parler de business, car ayant un grand cœur, elle vend ses gâteaux environ 250 Lilangenis, et sa marge ne dépasse jamais les 10-20 Lilangenis (l'équivalent d'1 ou 2 ) par gâteau... Pas vraiment de quoi en vivre...

Et c'est du boulot, car elle a un répertoire de 600 clients, et à coup d'un ou deux anniversaires par an, cela fait pas mal de gâteaux à faire... Son « pic », c'est à la mi-décembre qu'il a lieu, lors de la fermeture de la plantation, quand tous les employés (du moins ceux qui en ont les moyen, car 25 le gâteau, aussi bon ou beau soit-il, ce n'est pas à la portée de toutes les bourses) veulent rentrer chez eux avec un gros gâteau de Noël. 27 gâteaux la journée !

Le peu d'argent qu'elle se fait, elle ne le déclare pas, car elle serait taxée horriblement... Ces dernières années, pour renflouer les caisses du pays, le Roi a augmenter les impôts et taxes... Sa maison et son essence sont payés par l'entreprise de son mari, avantage qu'ils ont obtenu il y a trente ans et qu'ils ont réussi à conserver même après le rachat de l'entreprise par les sud africains... Mais depuis deux ans ils paient une taxe sur sa valeur... Elle leur coûte 4000 Lilangenis par mois (l'équivalent de 400 ), le prix d'un loyer s'ils devaient la louer... Son revenu supplémentaire, elle s'en sert pour nourrir ses animaux.

Le lendemain de mon arrivée, j'ai eu l'occasion de tester un des ses gâteaux... Un spécial celui là, car il faut une année pour le préparer... C'est un « fruit cake », et chaque semaine, pendant plus ou moins un an, tu l'imbibes de Brandy. C'est un gâteau et cadeau qu'elle a fait à son amie SxE, pour son cinquantième anniversaire.

 

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SxE et DxxE est un « jeune » couple de quinquagénaires qui vit dans une gigantesque maison, non loin des champs de canne àsucre. Il se sont mariės il y a onze ans, chacun ayant des enfants (indépendants maintenant) d'un précédent mariage. Lui est Zimbabwéen d'origine, et gère une société de transport de canne à sucre, elle, est Sud-africaine et fabrique des cordons àlunettes en perles qu'elle vend aux opticiens. Quand elle a découvert que j'avais travaillé dans l'accessoire de mode avec les chinois, elle m'a montré toute sa collection et son atelier. Elle me disait que, depuis que les chinois ont débarqué en Afrique du sud il y a deux ans, elle a du mal à se réapprovisionner en perles de qualité, car le « Made in China », ce n'est pas vraiment ce qu'elle recherche... Elle est toujours à l'affût de trouvailles, de babioles, de produits d'occasion qu'elle pourrait recycler et revendre au prix « design ». Fouiner et faire du neuf avec du vieux, c'est dans sa nature... Elle a fait ça toute sa vie, car en tant que mère célibataire, ce n'était pas facile tous les jours... Environ tous les dix jours, elle retourne en Afrique du sud pour trouver la babiole qui va bien, mais aussi pour retrouver l'air de la ville, car au fond, c'est une citadine...

 

Une autre activité d'AxxA, et qui prend, je dirais 90 % de son temps, c'est de faire la chasse aux scammers... Les scammers, pour ceux qui ne le savent pas, ce sont ces personnes qui te contactent sur internet en te promettant monts et merveilles dans le simple but de te soutirer de l'argent. Elle a commencé il y a trois ans, après avoir été harcelée par l'un d'entre eux. Elle a fait des recherches, et s'est rendu compte que de nombreuses femmes ont été volées, ont disparu et même ont été tuées par ce biais. La plupart des scammers sont originaires du Nigeria. Ils empruntent une fausse identité, mettent une jolie photo d'un gars bien sous tous rapports et te contactent sur des sites de rencontres en te disant qu'ils sont veufs, qu'ils élèvent seuls leur enfant malade d'un cancer et qu'ils ont besoin d'argent pour le traitement médical, ou bien qu'ils gèrent un business et qu'ils ont besoin d'un cofinancement... Ils débordent d'imagination pour convaincre ces femmes en détresse qui veulent à nouveau rencontrer l'âme sœur...

Elle a contacté la police du Nigeria, l'EFCC, la CIA Nigériane, les journalistes et tous ceux qui voudraient bien écouter son histoire... Un des journalistes l'a écouté et le gars qui l'avait harcelée a été appréhendé. Depuis ce jour, elle passe ses journées et soirées sur son BlackBerry à répondre aux messages des scammers, à récupérer les informations qu'ils divulguent sans s'en rendre compte, et à les reporter à des groupes anti scammers, notamment à une branche de l'armée américaine (beaucoup des identités utilisées par les scammers appartiennent à des soldats américains morts aux combats), afin de démanteler ces réseaux. Grâce à elle et à ses « homologues » internationaux (elle travaille toujours avec le journaliste nigérien qu'elle avait contacté, et aussi avec des victimes du monde entier qui ont décidé de leur mettre des battons dans les roues), 288 scammers nigériens ont été arrêtés en deux ans. Chaque jour, elle en dénonce jusqu'à cinq... Une justicière des temps modernes !

En trois ans, elle a eu le temps d'étudier leur tactique. Chaque semaine, leur mail d'introduction est différent... Tu as la semaine des militaires, des pères de familles qui recherchent une nounou, des businessmen, des enfants aussi... Ils ne reculent devant rien... Un jour, elle a été contacté par un soit-disant garçon de treize ans ayant « quelque chose à lui demander ». Certains soirs, on s'amusaient à rentrer dans leur jeu... Il y a des jours où elle était contactée par une quinzaine de nouvelles personnes... Un job à temps plein que de répondre à tous, mais qu'elle prend à cœur, car ce sont ces personnes qui ont embringué ses deux neveux dans la délinquance et qui les ont tué...

 

Et puis il y a Loupsiana aussi... La femme de ménage... Elle vient tous les jours de 7h00 à 15h00, sauf le dimanche, pour un salaire de 1000 Lilangenis par mois (soit environ 100 ), qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, est bien plus que le salaire minimum pour ce type de poste. Tous les jours elle vient pour astiquer la maison et s'assurer que ses pensionnaires ne manquent de rien. La vie n'est pas facile pour elle. Elle a du mal à boucler les fins de mois, et doit élever seule sa fille d'un an. Son rêve est de partir du Swaziland, et d'ouvrir son restaurant en Afrique du sud. Elle a déjà des certificats qui lui permettent de cuisiner. Maintenant, elle veut juste apprendre à patisser...

 

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Chez AxxA, la vie se passe dans la cuisine. Au petit déjeuner, c'est préparation de la nourriture des animaux et discussion sur les scammers qui l'ont contacté dans la nuit ; sur les coups de 9h00, c'est la pause de NxxxY qui prend une tranche de pain et une tasse de café ; 11h00, c'est la préparation du déjeuner ; vers midi, c'est la pause déjeuner de NxxxY. Selon les jours, il mange à table, ou il prend juste une tranche de pain avec des saucisses type Herta. Dans l'après midi, c'est réponses aux scammers en écoutant la musique diffusée en boucle depuis son ordinateur, jour comme nuit (ici, on n'éteint jamais la télé, même si personne ne la regarde, ni la musique de l'ordinateur, ni même les lumières) et tchat sur son BlackBerry avec ses amis ; vers 17h00, si elle n'est pas sortie avant, elle va récupérer la salade et les épinards dans son jardin potager situé à 500 m de la maison, la nourriture les dassies. Chaque soir, c'est trois salades et des grandes feuilles d'épinard disposés sur un grand plateau. À 18h00, c'est la nourriture des chats (du poisson pour trois d'entre eux, des boîtes de conserve pour les autres), de Gecko, la mangouste (deux œufs brouillés bien cuits) et le dîner. On mange tôt ici, car dans les exploitations agricoles,  les horaires de travail, c'est du 4h30-17h00. Selon les plats cuisinés, les soirs et l'humeur de chacun, le diner est soit autour de la table, mais la plupart du temps, NxxxY mange devant la télé et AxxA dans la cuisine avec un de ses trois téléphones portablesà la main (un pour ses amis, un pour les scammers et le dernier pour les clients potentiels de gâteaux). À 20h00, NxxxY va se coucher, AxxA, elle n'a pas d'heure... C'est selon les jours, selon si les dassies se battent ou sont calme (les huit dassies vivent dans sa chambre), selon si les scammers la maintiennent éveillée, ou selon si elle a un gâteau à préparer.

 

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Durant mon séjour, j'ai alterné glandouille, visites chez des amis, sport, ateliers cuisine, et « Friday Braai »... J'en suis partie, puis revenue... Au final, j'y aurais presque passée quinze jour... Bref, plein de choses à raconter !

 

Ma journée type commençait par un jogging matinal dans les champs de canne à sucre. Le meilleur endroit pour courir à vrai dire, car plat, sans voiture, dans la nature, et ça sent bon le caramel (au lieu du sel des embruns comme à Durban, port Elisabeth ou East London, ta peau a le goût du sucre de la mélasse qui est dans l'air)... Quand tu cours, tu entends, en effet, la vie entre les branches serrées de la canne, et tu peux voir, de temps à autre, des animaux sortir du champ pour traverser le chemin et grimper dans l'arbre d'à côté. Puis tu as de quoi faire... 3.767 hectares de canne à perte de vue. Même si chaque jour j'empruntais plus ou moins le même chemin, le paysage changeait, car nous étions en pleine saison des récoltes. Un jour le champs était vert, un autre il était en flamme, le jour d'après il était en train d'être dépecé à coups de machette (l'entreprise a bien essayé d'automatiser la coupe de la canne à sucre, mais les ouvriers ont volontairement endommagé les machines en les bourrant de canne, pour protéger leur emploi) et le suivant, complètement ruiné...

 

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Après une bonne heure, je rentrais et prenais mon long petit déjeuner, soit dans la cuisine sombre (la maison a été construite pour éviter les chaleurs de l'été) et enfumée (AxxA est une fumeuse invétérée), mais en bonne compagnie à discuter de tout et de rien, soit, quand il faisait super beau, dans le jardin, à écrire mon blog au soleil, en compagnie de Leeu, le labrador de deux ans qui attendait que je lui lance son Frisbee, de Shakira, l'epagnol breton de douze ans qui venait me voir pour avoir des caresses, et Gecko, la mangouste, qui ne rêvait que d'une chose : me choper le mollet !

 

Après ma douche, ma seconde journée commençait... Et là, j'alternais entre glandouille et cuisine... Il y a eu hachis parmentier, aloo gobi, tarte tatin, gâteaux aux pommes renversées, clafoutis au raisin, etc., mais surtout l'atelier « glaçage » et « cup cake» pour le porte-parole du roi. Oui, car c'est un client d'AxxA. Pour le premier anniversaire de son fils, il avait commandé un gâteau « Hello Kitty », un gâteau en forme de « 1 », et cinquante cup cakes. Vue la quantité, mon aide n'a pas été de refus... Ce jour là, la cuisine était remplie de gâteau, au grand désespoir de NxxxY, qui les sent et les voit, mais ne peut pas y toucher... Les seuls gâteaux auxquels il a droit, sont ceux que les clients ne viennent pas récupérer, ou quand il y a un loupé... Grand gourmand qu'il est, quand j'ai fait mes gâteaux, il n'a même pas attendu que les pommes de la tarte ou les raisins du clafoutis refroidissent, et il s'est brûlé les lèvres. Pour le refroidir plus vite, il a mis sa part dans le congélateur... Un grand enfant ! Quant à AxxA, elle n'est pas gourmande pour un sou... Elle préfèrera un sandwich aux chips (j'ai découvert que cela pouvait exister ici) à un gâteau fait maison !

 

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Il y a même un soir, où nous avons eu une session « night baking ». Une église du Zimbabwe avait, pour une congrégation, commandé un gâteau en forme de bible. Ils souhaitaient être livrés le samedi matin à 7h00, ce qui voulait dire le préparer le vendredi soir. Mais vendredi soir, c'est « Friday Braai », et tu ne peux pas y échapper !

Le « Friday Braai », c'est tout le temps chez DxxxE et SxE que cela se passe... Le fameux couple de quinquagénaires... C'est tout un rituel qui peut durer toute la nuit... Tu dois d'abord boire en attendant que les braises du feu se forment. Tu finis ton verre ? DxxE te le rempli à nouveau... Le premier round commence... Ce sont les Babalaas, de petites saucisses considérées comme un amuse-gueule, mais qui pour moi sont déjà le plat de résistance... Puis viennent le steak, puis les chops, puis les côtelettes, puis les boerewors...  Le tout arrosé et brandy coca, de bière, de spin ou d'amarula... Qu'importe pourvu que tu boives... Et tu as quatre ou cinq rounds comme ça, qui peuvent t'amener jusqu'à 4 ou 5h00 du matin. Et ne t'avises pas de sauter un round, DxxxE risque de le prendre perso ! Pendant que l'une des bidoches est sur le feu, notre estomac fait une pause, et c'est l'occasion de refaire le monde... Politique, potins, problèmes domestiques, projets, et musique à fond sur des rythmes blues, country ou africains...

 

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Un soir, nous avons parlé du Zimbabwe, car c'est là que DxxE a grandi... Il se rappelle du beau pays qu'il a dû quitter dans les années 1980 quand Mugabe a pris goût au pouvoir... Aujourd'hui, il n'a même plus la nationalité zimbabwéenne, car au moment de renouveler son passeport, le gouvernement lui a refusé, car il était blanc... (Les propos de Mugabe sont clairs : « Notre parti doit continuer de faire entrer la peur dans le cœur de lhomme blanc, notre véritable ennemi. »« Le seul homme blanc que vous pouvez croire est lhomme blanc mort. »« Lhomme blanc est ici comme le second citoyen : vous êtes en numéro un. Il est numéro deux ou trois. Cest ce qui doit être enseigné à nos enfants. »). Par chance, son père, en son temps, avait demandéla nationalité britannique, donc il a pu l'obtenir aussi, mais certains n'ont pas eu cette chance, notamment NxxxY qui a immigréen Afrique du sud puis au Swaziland sous le statut de réfugié politique. Il me disait que son rêve (de son père) était de retourner chez lui, dans sa ferme, mais il n'en a pas eu l'occasion... Il est mort avant. Il m'a montré son passeport zimbabwéen... Du temps où c'était encore la Rhodésie. Une pièce d'histoire...

Avant d'obtenir son indépendance en 1965, le Zimbabwe était une colonie britannique. Au fur et à mesure des changements politiques, le pays a vu son nom évoluer : Rhodésie du Sud avant que la Rhodésie du nord (l'actuel Zambie et Malawi) ne devienne indépendante, Rhodésie, quand il n'y eu qu'une seule Rhodésie, puis Zimbabwe-Rhodésie, quand ils se sont rattachésà nouveau à la couronne britannique (pour moins d'un an), puis enfin Zimbabwe quand le pays pris à nouveau son indépendance en 1980, et que les « emmerdes » ne commencent !

C'est en effet, à ce moment là, que lancien chef de guérilla, Robert Mugabe entre dans la scène politique, d'abord en tant que Premier Ministre en 1980, puis comme président en 1987. Il modifie la constitution, accentue lautoritarisme du régime, procède aux premières expropriations de fermes appartenant à des Blancs (des fermiers et certains de leurs employés noirs sont blessés, voire même tués), s'auto-ré-élu Président (lhonnêteté de l’élection présidentielle a grandement été contestée). L'économie commence à s'effondrer : Le pays, autrefois appelé « grenier à blé de l'Afrique » et fournisseur de denrées au Programme Alimentaire Mondial, en devient, en quelques années, client, car les terres cultivables qui étaient détenues à 47 % par des fermiers blancs et qui rapportaient plus de 50 % du PIB, ont été morcelées ou redistribuées à des amis du régime, sans la connaissance technique ni le matériel nécessaires pour gérer des exploitations. Conséquences : le pays ne peut plus subvenirà ses besoins et 70 % de la population se retrouve sans emploi. Sur les 4500 fermiers blancs que ne comptait le Zimbabwe avant la réforme agraire de Mugabe, il n'en reste que 400 aujourd'hui... Et la traque n'est pas encore fini...

Il m'a aussi sorti un billet de dix millions de dollars zimbabwéen, qui ne vaut strictement rien. Ses employéà la ferme les utilisaient pour rouler leurs cigarettes ! Oui, car la monnaie a subi une telle inflation (jusqu'à 10 millions de % en 2008), que la population a été contrainte de revenir à une économie de troc et à la marche à pied car il n'y avait plus de diesel pour faire rouler les bus. De ce fait, en 2009, le dollar zimbabwéen a été remplacé par le dollar américain.

Malgré la politique et la gestion déplorable du pays, et ce sentiment de ne pas être les bienvenus dans leur propre pays, la plupart des zimbabwéens veulent y retourner... ils disent tous que, sans Mugabe, le Zimbabwe est un beau pays...

Ce jour là, le braai a fini à 3h30 du matin... La bible gâteau, nous l'avons faite en rentrant, et terminéà 5h00 du matin... La nuit fut courte...

 

Et puis certains jours, je m'organisais quelques activités... Sa maison étant situéà proximité de trois grands parcs nationaux (Mbuluzi, Hlane et Mlavula), j'en ai fait la tournée...

Nous avons commencé par le Mbuluzi, une réserve de 60.000 hectares, entre rivière et montagne. Ici, AxxA a son droit d'entréeà vie, car c'est là qu'elle réintroduit la plupart des animaux dont elle s'est occupée. Le zèbre en fait partie, et quand elle y repasse de temps à autre, il lui arrive de le croiser et de le reconnaître. Ce jour là, nous ne l'avons pas vu, mais ce sont des girafes et des springbok que nous avons croisé.

 

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Puis j'ai fait un safari au coucher soleil dans le parc de Hlane, spécialisé dans les lions. J'étais avec un couple de français et leur enfant, qui n'arrêtait pas de poser des questions, et un couple de russes, qui n'en décrochait pas une ! Là nous avons eu la totale : girafes, gnous, kudus, springboks, éléphants, rhinos et... lion et lionne. Le camping étant la seule option abordable, AxxA avait emprunté une tente à un de ses amis, afin que je puisse dormir au milieu de la réserve. Ma seule compagnie cette nuit là, les impalas qui mugissaient... S'en était limite flippant !

 

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Je pesais en avoir fini avec les game park, mais comme le jour d'après, les transports étaient inexistants du fait du 1er mai, j'ai décidé d'en faire un de plus, celui de Mlavula. Ici, pas de « big five », que des petites antilopes et des phacochères avec qui tu peux marcher en liberté. De ce fait, le nombre de touristes est plus limité, et je me suis retrouvée toute seule, sous ma tente, dans un campement désert, sans eau, ni électricité. Quand j'ai entendu le bruit d'un moteur, j'ai juste prier pour que ce soit quelqu'un du parc qui venait pour ouvrir l'eau et le gaz.

Une camionnette est arrivée. À son bord un Allemand, un Swazi et une tortue avec GPS incorporée... L'allemand est arrivé au Swaziland il y a un an et demi pour étudier la vie et les déplacements des tortues. Sa mission s'achève dans deux mois, et il en commence une autre au Cameroun pour sensibiliser la population sur l'importance de ne pas travailler la terre des parcs nationaux, rendant les sols trop acides, et détruisant ainsi la faune et la flore locale. Il habite sous une tente depuis le début de sa mission, et connaissait donc parfaitement les lieux... J'ai donc pu avoir mon gaz et mon eau... 

Ce soir là, ils étaient conviéà une soirée football en ville, et m'avait donné pour mission de débrancher la batterie du GPS une fois chargée. Ils ont branché la batterie, ont bloqué la tortue entre trois chaises à barreaux pour ne pas qu'elle s'échappe (sa boîte avait cassé le jour même en tombant d'une chaise), et sont partis. Pendant mon dîner, et ma soirée, je jetais régulièrement un œil sur la tortue et la batterie, jusqu'a ce que je m'aperçoive que le fil d'alimentation avait été coupé(vraisemblablement par la tortue qui, à force de pousser les chaises pour s'en échapper). Sur les coups de 23h00, ne voyant personne rentrer, je décide à aller me coucher (c'est tard 23h00 quand tu n'as rien d'autre à faire que de veiller sur une tortue)... Je réajuste les chaises, ajoute des pierres pour sécuriser son enclos et cours me réfugier sous ma tente (je n'ai jamais trouvé très rassurant que d'être toute seule, dans le noir, au beau milieu de nulle part...). En me réveillant le lendemain, j'ai appris que la tortue s'était fait la belle... Par chance, la batterie du GPS avait chargé suffisamment pour pouvoir localiser la tortue et suivre ses mouvement pendant au moins trois semaines... Une force de la nature cette petite bête !

 

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Après une nuit dans le bush et une journéà rechercher les trails introuvables (et pour cause, tous les chemins de randonnéeétaient fermés. J'ai quand même marché mes 17km, et vu mes amis les babouins, les kudus et les phacochères). J'étais contente quand AxxA est venue me récupérer (sans voiture, impossible d'y accéder), de retrouver la civilisation. C'est ce jour làque j'ai fait la connaissance de SxxxE, le manageur du Simunye club, son ami qui m'avait prête la tente. Lui aussi est Zimbabwéen, lui aussi a dû fuir son pays quand Mugabe est arrivé... Il avait 16 ans. Un de plus ! Visiblement, il a l'air heureux ici. Il gère le club de la ville, et a peu de soucis a ce faire car la concurrence est inexistante, depuis qu'un Swazi a repris la direction du club de Tambankulou, la ville d'à côté. La qualité du service, de la nourriture et des prestations a tellement baisser, que toute la clientèle préfère faire quelques kilomètres de plus pour se rendre au club de Simunye. Il nous a inviter à déjeuner dans le restaurant du club... Un buffet gastronomique, où, en plus du gigot d'agneau ou de la pièce de bœuf rôti, j'ai pu découvrir une nouvelle spécialité locale : Le pumkintop...

 

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Et puis un jour, elle m'a emmenée dans leur maison du bord de lac... C'est là que NxxxY passe tous ses week-ends... Pour décompresser, pour se retrouver (c'est un grand solitaire... J'ai dû faire trois ou quatre braai avec leurs amis, NxxxY n'en n'a fait aucun...), mais aussi pour finir de la construire... Il y a une vingtaine d'années, ils ont acheté un terrain au bord d'un lac d'un barrage, dans la campagne très profonde du Swaziland et ont décidé d'y construire une maison sur pilotis pour leur vieux jours, car quand il partira à la retraite, ils devront quitter leur maison de fonction. Il lui reste cinq ans pour la finir... À notre retour, nous sommes passées chez le dernier couple blanc des environs. Un couple d'une soixantaine d'années... Elle, vient de l'Eastern Cape, et lui du Kwazulu Natal. Il travaille dans le transport de la canne à sucre, d'où leur présence dans cette région...

 

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Ahhh, AxxA au grand cœur... Elle a été une vraie mère pour moi... Elle m'a soignée pendant les deux jours où j'étais clouée au lit, elle a appelé la terre entière pour trouver quelqu'un qui me conduise à la frontière, elle a attendu avec moi que le bus finisse sa tournée pour pouvoir récupérer le sac que j'avais oublier a l'intérieur... Ça a été dur que de se séparer...

 

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A suivre...

 


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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 22:14

Mon visa sud africain fini, j'ai dû passer vite fait la frontière... Et le plus simple, c'était le Swaziland... La porte d'à côté !

C'est Jambulary, un chauffeur routier de 47 ans (mais qui en fait dix de moins) qui m'y a conduit. Il est originaire de Ladysmith, dans les battlefields et passe sa vie sur la route... Un mois de conduite, une semaine de repos... C'est ça visiblement qui a détruit son mariage. Il est divorcé et a deux enfants de 19 et 15 ans. Ce matin là, il venait de Richards Bay et se dirigeait vers Pretoria pour livrer le chrome qu'il transportait dans son camion remorque. Il me disait qu'il était fatigué de conduire et qu'il avait besoin de passer plus de temps avec sa famille. Il a neuf frères et trois sœurs dispersés dans tous le pays, et son job lui permet de leur rendre visite. Au moins un point positif !

Passage de la frontière sans encombre... RAS ! Mais changement total de décor... Une piste à perte de vue qui traverse un no man's land, et un bus de ligne des années 1920, le seul véhicule qui, si tu n'as pas de voiture, te ramène à la nationale, à une vingtaine de kilomètres de là.

 

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Mon plan initial était de rejoindre Hlathikhulu, décrit dans le catalogue faisant la promotion du pays, comme étant un village pittoresque... J'étais motivée... Un mini bus pour Mhlosheni, puis un autre pour Nhlangano, puis un bus de ligne pour Hlathikhulu, mais quand je suis arrivée là bas, je n'ai rien vu d'autre qu'une route avec deux-trois bâtiments historiques. En une demie heure j'avais fait le tour... J'ai donc foncé au taxi rank de la ville, et ai attrapé un mini bus pour Manzini, la capitale économique du pays, puis pour Malkerns, une zone bien plus sympa pour y poser ses bagages... Mais pas de chance, la ferme dans laquelle je pensais passer la nuit était complète, et j'ai dû faire du phoning, au bord de la route, en pleine nuit, pour trouver un hébergement dernière minute. J'ai finalement terminée dans un backpackers au bord de la Nationale, sans charme mais bien pratique, car le propriétaire était venu me chercher pour m'y conduire...

 

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Nous avons eu le temps de discuter un peu du pays... Une première introduction...
La principale source de revenu du Swaziland, c'est Coca cola... Pas moins de 40 % de ses recettes fiscales... En 1987, suite aux sanctions imposées à l'Afrique du sud au temps de l'apartheid, la multinationale qui y est alors implantée, se relocalise au Swaziland, où la production sucrière y est très importante, et y établit une de ses trois usines de production (l'usine du Swaziland alimente la majeure partie du marché africain, asiatique, et toute l’Océanie). Ce [Coca cola] que certains pourraient voir comme un bienfaiteur pour le pays, d'autres le voient comme un soutien au monarque, qui se sert sans complexe dans les caisses de l'état, sans se soucier de son peuple... Certains appellent même la compagnie américaine à se retirer du pays !

 

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Oui, car la situation du Swaziland n'est pas très glorieuse...
Une balance commerciale déficitaire, des partenaires commerciaux limités... très limités, puisque le pays réalise 90 % de ses importations et 75 % de ses exportations avec l'Afrique du Sud (son second partenaire est l'Union Européenne - 14 % des exportations du pays), une économie principalement agricole (le secteur primaire emploie 70 % des actifs mais ne représente que 7,9 % du PIB), une croissance négative (-2,7 % en 2012) et une inflation de 7,2 %, un déficit budgétaire représentant 14 % du PIB, et un taux de chômage à 40 %...

Quant aux indicateurs humains, ils sont tout aussi catastrophiques... Une inégalité de revenus criante : 10 % de la population concentre environ 43 % du revenu national, 69 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, une espérance de vie d'environ 49 ans (elle a chuté de 5,4 années entre 1980 et 2012), et un taux de séropositifs record (le plus élevé au monde), puisque 26 % des adultes étaient touchés par le SIDA en 2012.

 

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Mais cela n'a pas toujours été comme cela, puisque c'est bien connu... « Le malheur des uns fait le bonheur des autres »...
Dans les années 1970, alors que l’Afrique du sud subissait l’embargo international lié a l'apartheid, de nombreuses entreprises sud-africaines et internationales ont déménagé leur bureaux au Swaziland, pour éviter des sanctions. À la fin de l’apartheid, la plupart de ces compagnies sont retournées en Afrique du Sud, entraînant ainsi le déclin économique du Swaziland.

Pour compenser, le pays a reçu pendant des années l'aide du FMI, aide qui s'est arrêtée en 2011, du fait du manque de réformes structurelles pour soutenir l'emploi, réduire la pauvreté, lutter contre le VIH/SIDA et maitriser les dépenses budgétaires, mais aussi du fait du train de vie particulièrement somptuaire du roi (sa fortune personnelle est estimée à 100 millions de dollars (environ 80 millions d'euros)) et de sa « gestion » digne d'un dictateur (Il a refuser un prêt de 240 millions d'euros offert par l'Afrique du sud en contrepartie d'avancées démocratiques, et a revendu les 12.000 tonnes de maïs offert par le Japon et destiné à la population pour renflouer les caisses de l'état, ou financer sa dernière envie).

Bienvenue dans la dernière monarchie absolue d’Afrique !

 

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J'ai passé un mois à découvrir différents aspects de ce pays...



>>>> L'éducation dans un milieu rural...

C'est grâce à MxxxxxE que j'ai pu passer la journée dans une école maternelle de campagne. MxxxxxE est australienne, et vit à Manzini depuis 2007, où elle fait son doctorat en santé publique. C'est dans ce cadre, qu'elle est chargée de faire une étude sur l'accessibilité à l'eau dans les zones rurales et s'occupe, en parallèle, de la collecte de fonds, servant à financer l'école maternelle. L'argent récolté a servit à construire cette école et à embaucher trois institutrices à temps plein, sans compter le matériel pédagogique et le repas des enfants...

Depuis Manzini, cela met environ une heure et demi pour rejoindre l'école... Et ce n'est pas de l'autoroute, mais des pistes caillouteuses et défoncées, que les vaches traversent pour aller brouter l'herbe de l'autre côté... Quand elle a commencé son étude, elle dormait dans les familles du village, et n'avait ni vie privée, ni temps pour elle. Maintenant que l'école est "rodée", elle peut travailler à distance, et elle ne s'y rend, du coup, qu'une fois par semaine. du coup, elle peut vivre à la ville, dans une maison d'un quartier très local. Et elle en est très contente...

 

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A notre arrivée, elle m'a présentée à tout le monde. Pinky, Precious et Fortunate. Pinky m'a fait visiter le potager. Depuis trois mois, ils récoltent leurs propres salades, tomates, poivrons, choux et pommes de terre, ce qui leur permet d'économiser pas loin de 1000 lilangenis (environ 100 euros par mois), alloués à d'autres dépenses, et de donner aux enfants une nourriture équilibrée. Et peut-être que dans quelques années, ils pourront récolter pommes, avocats et raisin... Je leur ai appris à faire germer des pépins et des noyaux de fruits en les mettant dans du coton humide.

Depuis le jardin, nous avons vu courir une fillette. Une envie urgente... Les toilettes se trouvent à l'extérieur... Un trou, avec une cuvette... Puis Fortunate, l'institutrice de 22 ans, m'a fait assister à sa classe. Elle enseigne aux 31 élèves de l'école, âgés de 4 à 6 ans. Dans sa salle de classe, quatre tables colorées et des petites chaises en bois. Les leçons sont en anglais, même si les enfants ne comprennent pas grand chose. La leçon du jour : dessiner une «happy face», une «hangry face» et une «sleepy face»... À cet âge là, certains peinent à tenir un crayon, donc mon aide était la bienvenue...

 

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L'institutrice me demande en anglais d'où je viens. « De France... Savez vous où est la France ?». Un dessin valant mieux qu'un long discours, je suis allée au tableau et leur ai dessiné une carte des deux continents, Europe et Afrique, avec au milieu, un Airbus A280 ! Puis la classe s'est divisée en quatre ateliers : jouet, puzzle, lecture et mime. Les enfants savent exactement se qu'ils ont à faire, et ils s'occupent tous avec le peu de matériel qui est disponible.

 

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Il est 10h00, c'est l'heure du déjeuner... Tout le monde se dirige vers le bidon d'eau et la bassine situés au milieu de la cour, pour se laver les mains. Tous à la queueleuleu... Puis, chacun va récupérer son assiette. Au menu : riz, haricots et salade du jardin... On fait la prière. J'ai droit à mon assiette. À 10h00, je n'ai as vraiment faim, moi qui ai l'habitude de manger à 13h00, mais l'appétit vient en mangeant dit-on... Aujourd'hui, dessert surprise... des pommes et des biscuits "Marie" que nous avons ramené... Un petit rien qui semble vraiment leur faire plaisir... Un des enfants, Nokwazi, troque son biscuit contre une pomme... C'est en effet la première fois que je vois des enfants préférer manger des fruits plutôt que des sucreries... Du coup, je lui donne une mission : Récupérer le maximum de pépins de leur trognon de pomme, afin de les faire germer. Elle prend sa mission à cœur, puisqu'elle revient, vingt minutes après, avec son bol plein de pépins... Des futurs pommiers !

 

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C'est le moment du brossage de dents... Tous les enfants se mettent à nouveau en file indienne, et attendent que l'institutrice les appelle pour leur remettre leur brosse à dents, reconnaissable par un bout de scotch qui porte leur nom. En l'espace de cinq minutes, le jardin se transforme en une salle de bain à ciel ouvert, où les enfants brossent leurs dents, glougloutent et crachent leur dentifrice (le «Colgate» comme ils l'appèlent). Il est 11h30. Les enfants retournent en classe pour leur dernière histoire... L'histoire d'un garçon qui fait de la bicyclette et qui, le lundi traverse la forêt, le mardi traverse un pont, le mercredi roule dans une flaque d'eau, le mercredi, descend une colline, le jeudi, rejoint la ville et le vendredi, tombe de son vélo... Les enfants s'amusent bien, car ils doivent se rappeler de ce qu'il s'est passé chacun des jours de la semaine... Une dernière comptine, cinq minutes de relaxation, et à midi, lorsque la classe se termine, une petite prière avant de se dire au revoir...

Aujourd'hui, huit élèves manquaient à l'appel. Un problème de bus semble-t'il, et la grippe aussi... Ici on ne "sèche" pas. Certains viennent même de très loin pour assister à la classe... Les parents, comme les enfants d'ailleurs, sont contents que cette école existe... Et on ne peux pas dire que ce soit grâce au gouvernement, car il ne finance pas l'école maternelle... Donc tous les dons sont bienvenus... 

 

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À la sortie des classes, certaines mères viennent récupérer leurs enfants. Certains élèves rejoignent l'école primaire d'à côté, pour attendre leur grand frère ou grande sœur, et rentrer à la maison ensemble. Je les ai suivi pour savoir ce qu'il s'y passait...

Contrairement à l'école maternelle de MxxxxxxE, l'école primaire est financée par l'Etat, même si le budget n'est pas très élevé! Je me fait annoncée au Principal de l'école (une femme), qui me dit avoir 205 enfants et huit professeurs à gérer...

On m'emmène dans la classe du grade 6 (l'équivalent de notre 6ème). Le prof me reçoit et me nomme assistante de son cours. La leçon du jour : l'adolescence. Les élèves sont interrogés sur les changements qui interviennent chez la fille et le garçon. Ils rient, se regardent, n'osent pas répondre, sont gênés. Le prof fait des dessins au tableau. Une des caractéristiques de la femme africaine, c'est que lorsqu'elle devient femme, son derrière grossit généreusement... Le "bump". Pendant ce cours d'éducation religieuse (j'aurais plutôt cru à un cours de sciences naturelles), j'aurais au moins appris l'origine du mot "teenager" (c'est la terminaison des nombres compris entre "thirteen" et "nineteen"), âges auxquels ces changement interviennent...

À la fin du cours, j'ai discuté avec le prof... Il me disait vouloir quitter le Swaziland et aller en Afrique du sud, car il n'y a pas assez de moyens, ni d'opportunités dans son pays. Il fait beaucoup d'heures, mais est payé une misère. De plus, il est "sous-utilisé", car il donne des cours à des classes de primaires, alors qu'il devrait enseigner à des collèges et lycées. Selon lui, le gouvernement n'investit que trop peu d'argent dans l'éducation, et préfère se concentrer sur les dépenses militaires, non pas pour protéger le pays, mais pour museler le peuple. Il pense que son pays n'est pas une démocratie...

 

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Puis je suis sortie de la classe, et dans la cours, des élèves menés par une institutrice et le Principale étaient en ligne pour danser la danse traditionnelle. Le garçons d'un côté, les filles de l'autre. C'était le cour de tradition qui commençait... La danse Swazi est très "guerrière", puisque les accessoires de l'homme sont le bouclier et la lance, quant à la femme, ce sont beaucoup de jeux de jambes... du moins pour les femmes non mariées (la devise nationale est « Siyinqaba » : « Nous sommes une forteresse » en français). Ces six dernières semaines, ce cours a été renforcé, car un tournois de football avec les autres écoles des environs allaient se tenir prochainement, et les élèves doivent danser parfaitement pour représenter leur école. À 14h00, la cloche retentit... L'école est finie...

 

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Je rejoins alors MxxxxxxE qui est en train de diriger son groupe de discussion avec les participants de l'étude qu'elle mène. Un questionnaire a été établi (en cours de validation par l'Université Australienne, qui sponsorise le projet), et les six membres du groupe (des instituteurs, mais aussi des habitants du villages qui veulent aider et arrondir leur fins de mois) devront sonder les habitants du village sur leur consommation et leur ressource en eau. Il y a environ 200 foyers à interroger. Le but de cette session était de s'assurer qu'ils poseraient les bonnes questions, de la bonne façon, afin d'avoir des réponses les plus proches de la réalité. Objectif : comprendre les problèmes des habitants et trouver des solutions adaptées.


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Je crois que c'est ce jour là qu'on ma donné mon premier nom Swazi : Sponguile (merci en Seswati)...



>>>> L'importance du roi dans le pays...

En arrivant au Swaziland, je me suis tout de suite rendu compte que le roi était très présent dans la vie du pays... Il n'y a pas une journée sans qu'on en parle.... peut-être aussi parce que quand j'y étais, on se préparait à célébrer son 45ème anniversaire. Chaque année, les festivités sont organisées dans une ville différente, mais à chaque fois dans une ville ayant un de ses palais royaux... Il en a quatorze... Autant que de femmes... Cette année, la fête se passe à Siteki... ça tombe bien, je ne suis pas loin... En même temps, le Swaziland, c'est 200 km sur 130 km ! Rien n'est jamais bien loin !

Siteki est située à l'est du pays, à une soixantaine de kilomètres de Manzini, où je me trouvais. C'est la capitale du district de Lubombo, et elle compte environ 6000 habitants. J'y suis arrivée la veille au soir, et heureusement que j'avais réservé mon hébergement, car tout était complet... Pour l'occasion, la ville était décorée aux couleurs et aux emblèmes du Swaziland : le fameux bouclier noir et blanc...

 

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Alors que je m'apprêtais à partir pour le lieux des festivités (le terrain de sport de la ville), j'ai rencontré James, mon voisin de palier qui s'y rendait aussi. Lui, était plus chanceux que moi, car il avait reçu l'invitation officielle et avait droit au traitement VIP : la tribune VIP, mais surtout une invitation à la garden party au palais du roi, tout comme 600 autres personnes triées sur le volet... Le dîner, il l'avait déjà proposé à une amie, par contre, j'ai pu profiter avec lui, du carré VIP...

 

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À notre arrivée à 08h00, on nous a remis une bouteille d'eau à l'effigie du roi, puis nous avons assisté au remplissage progressif des gradins, puisque les gens étaient venu en masse de tout le pays pour assister à l'événement... Des bus avaient même été affrétés pour l'occasion...
On a assisté à des fanfares militaires, à des défilés de majorettes, à des danses traditionnelles, toutes plus guerrières les unes que les autres, mais la prestation la plus applaudie a été une chorégraphie de danse acrobatique, orchestrée par trois jeunes, rien de si spectaculaire d'un œil occidental, mais tellement différente pour les Swazis...

 

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Le "show" a duré plusieurs heures, des discours ont été adressés au roi (dont un en français), mais le roi... il n'était pas là... Nous avons tous attendu trois bonnes heures dans un froid glacial (ce jour là, il faisait à peine dix degrés), avant qu'il ne daigne arriver... Puis sur les coups de 11h00, on a commencé à annoncer les VVVIP (Very, Very, Very Important People), la Délégation Chinoise, invités d'honneur cette année... Puis le défilé des voitures de luxe a commencé : celle du Premier Ministre, celle de la Reine mère, celle de la « Grande Épouse » (celle qui deviendra « Indlvukazi » - c'est à dire reine-mère, dont le fils deviendra roi), puis finalement, celles avec les plaques d'immatriculation personnalisées : « Royal Escort - Give the way » sur la plaque de devant et « Royal Escort - Do not pass » sur celle de derrière... En somme, celle du roi ! Puis le Premier Ministre a fait son discours ventant les mérites du souverain (alors que le pays est en train de couler), et a parlé d'un tas de personnes, y compris des employés du mois de telle ou telle entreprise... Je n'ai pas trop saisi ce qui s'est dit (tout était en swazi), du coup, je suis partie avant...

 

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J'avais toujours en tête la garden party de 16h00 au palais du roi... Sans invitation, j'ai tenté ma chance... J'ai demandé à des hommes seuls si leur femme les accompagnaient... Leur femme ? Des hommes barbus... En fait, tout le monde avait trouvé un pote, un frangin ou un voisin pour les accompagner... Il y avait aussi un groupe de six indiens originaires de Bangalore, invités car ils travaillent dans télécommunications avec le Swaziland... J'ai bien essayé de m'incruster dans leur groupe, mais une grande blanche avec six petits indiens et deux gros blacks, ça ne passe pas inaperçu !

Et puis la sécurité m'a conseillé de passer par l'autre entrée... J'ai alors fait le tour, et suis tombée sur Lisa, la personne qui gérait le carré VIP le matin même. Elle m'a reconnu, et m'a accompagnée à la sécurité pour témoigner m'avoir vu avec mon carton d'invitation, mais rien à faire... Et puis avec mon téléphone, mon appareil photo et mon iPad dans mon sac, autant dire que je n'aurais jamais passé la sécurité... Oui, car tout moyen de communication est interdit en présence du roi, afin d'éviter quelques fuites que ce soit... La censure en est arrivée au point où le roi, qui détient MTN, la seule et unique compagnie de Telecom du pays, coupe le réseau le lendemain d'événements, ou quand il sent que son peuple se rebelle, et il semblerait que cela arrive de plus en plus souvent. C'est notamment arrivé le jour de la visite de Kadafi dans le pays...

Voyant qu'entrer dans le palais royal était peine perdue, j'ai rebroussé chemin et ai fini ma soirée dans ma chambre... Un vendredi soir à Siteki, c'est pas vraiment le paradis ! Le lendemain, j'ai eu le retour de James sur ce qui c'était passé... Visiblement, tout est dans la communication, car ils ont eu droit à un menu digne d'un KFC, avec poulet grillé, deep fried hake, et un misérable gâteau en dessert, le tout... Sans vin... En sommes, le même repas que celui qui avait été distribué dans la rue à la "populace" le jour même, mais servi avec des couverts en argent ! Quant au protocole, pas de discours, pas de remerciement, ni de poignée de main. La seule chose qui valait le coup visiblement, ce sont les performances données pour l'occasion, notamment par l'une des filles du roi, qui a chanté quelques morceaux de rap...

 

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D'après le PUDEMO (The People's United Democratic Movement), l'un partis politique illégal du Swaziland (la constitution en vigueur interdit les partis politiques), le roi aurait dépensé 33 millions de rands pour célébrer son anniversaire, et se serait offert 32 BMW à se repartir entre ses différentes femmes. Quand on y pense, ce n'est pas tant que ça comparé au jet privé évalué à 46 millions de dollars, qu'il a reçu l'année dernière !

Malgré ses dépenses inconsidérées, le roi a l'air d'être apprécier, du moins officiellement, car c'est toujours illégal de critiquer le Roi. Dire quelque chose à son encontre est passible de prison... Donc tout le monde se tait... Un jour où je faisais l'ascension de la montagne de Sibebe (le second monolithe de granit au monde par sa taille), j'ai discuté longuement avec un local qui voulait me servir de guide. Je lui ai demandé ce qu'il pensait du roi... « C'est un bon roi » m'a t-il dit... « l'important, c'est le respect!». En creusant un peu plus, et en lui avançant des faits montrant qu'il ne respectait en aucun cas son peuple, il m'a en effet dit qu'il aimerait bien que ça change...

En discutant avec SxxxxL, un professeur de musique britannique arrivé au Swaziland il y a quatre ans, rencontré lors d'une randonnée au parc national de Hawane, son opinion ma permis de relativiser les choses... Il me disait que, selon lui, le roi ne se rend pas compte de la situation de son pays, car il vit dans sa bulle, dans un monde aseptisé, où ce sont ses portes-parole et ses conseillés qui lui soufflent les mots... Il se rappelle quand le roi avait été invité pour célébrerez le cinquantième anniversaire de son école (United World College, la première école multiraciale d'Afrique australe), l'école avait dû dépenser l'équivalent d'un mois de scolarité des enfants, juste pour financer un seul de ses repas...

Le roi Mswati III, est le second roi du Swaziland. Il règne sur le pays depuis 1986, après une période de régence qui dura quatre ans, car à la mort de son père en 1982, il n'avait alors que 14 ans. Son investiture fut un temps controversée, car il a été considéré comme fils illégitime du roi (il est le 67eme fils du roi Sobhuza II, sur 600 enfants qu'il a eu avec 70 épouses), et est maintenant considéré comme le dernier monarque absolu d'Afrique : il gouverne par décret, désigne Premier ministre, membres du gouvernement, ambassadeurs, chefs locaux et même les juges, considère les partis politiques comme des « associations » et organise chaque année, au frais du contribuable (la dernière a couté quelques 13 millions d'euros - l'équivalent de 60% du budget santé), la fameuse fête des roseaux, pendant laquelle il choisira une nouvelle épouse (à ce jour, il en a quatorze).

 

 


Et toutes ces épouses, il faut les entretenir... Palais personnel, BMW, shopping de luxe..., et puis il y a les frais de scolarité de ses 24 enfants a payer, enfants qui sont scolarisés en Angleterre... Le Roi est à la tête d'une fortune de plus de 100 millions d'euros (il est considéré comme plus riche que le roi du Maroc), et quand il voit qu'elle s'épuise, il fait participer la population : augmentation de la taxe sur les produits importés d'Afrique du sud (depuis avril, le montant de produits importés d'Afrique du sud a été réduit... Il est passe de 100 euros par personne à 20 euros par voiture. Au delà, les produits sont taxés 15 %), amende de 150 Lilangenis pour tous les Swazis qui ne participent pas à la récolte de sorgho dans les champs du roi, au moins une fois par an, création d'un impôt sur les « marabouts »...

Et puis pas besoin d'aller bien loin pour avoir affaire au roi... Un jour où je marchais dans les rue de Lobamba (la capitale royale et législative du pays), alors que je sortais du musée national, un convoi de motos et voitures de police avec gyrophares m'arrête et me dit : « The king is passing, wait here ». Neuf véhicules numérotés sont passés, dont celle du roi, reconnaissable par son chauffeur habillé en tenue traditionnelle... Et le jour d'après, alors que j'essayais d'arrêter une voiture afin quelle me dépose sur la route principale pour prendre un bus, c'est la voiture S47 qui s'est arrêtée. À son bord, RxxxR... Son job : chauffeur d'une des femmes du roi...

 

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A suivre...

 

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 16:46

 

 

Avant que l'Afrique du sud ne soit ce qu'elle est aujourd'hui, le territoire était divisé en plusieurs royaumes, chacun gérés indépendamment par un roi (à l'instar du Lesotho et du Swaziland toujours indépendants aujourd'hui). Zululand était l'un d'eux...

À l'origine, ce sont les San (aussi appelés bushmen), qui peuplaient, il y a un million et demi d'années, la zone qui représente aujourd'hui la province du Kwazulu Natal. Ils vivaient en clans, et suivaient les migrations du bétail, entre montagnes et cotes. Puis, il y a environ deux mille ans, les Bantous, des tribus provenant de l'Afrique centrale et de l'est, commencèrent à arriver et à se sédentariser, poussant les San à se déplacer à l'intérieur des terres. Les Bantous parlant xhosa s'installèrent dans le sud-ouest, et ceux parlant zoulou, établirent leur royaume dans la région centre-sud.

De leur côté, les Européens travaillaient à la conquête du Monde...
Les portugais arrivèrent les premiers... C'est Vasco de Gama qui, le 25 décembre 1497, contourna le premier le Cap de Bonne Espérance, longea les cotes (d'où le nom qui a été donné à la région : «Kwazulu Natal», le nom de la province actuelle et «Port Natal», l'ancien nom donné à Durban... «Natal», signifiant «Noël» en portugais), et ouvrit la porte à la colonisation, offrant ainsi à son pays, une base pour leurs navires sur la route des Indes. Puis au début du XVIIIeme siècle, ce fut au tour des hollandais (via la Dutch East India Company) qui, voyant en Port Natal une position stratégique, achetèrent les terres au chef local Inyangesi. Les anglais suivirent un siècle plus tard, en colonisant, occupant et même envahissant l'ensemble du pays.

 

 

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Au XIXeme siècle, les Zoulous (environ 2000 personnes) vivaient plus ou moins paisiblement dans la vallée de la rivière Umfolozi, où deux puissances se partageaient le pouvoir. Des guerres tribales éclataient de temps à autres, mais elles étaient plus destinées à saisir le bétail de l'adversaire et à rappeler qui était la tribu la plus puissante, qu'à prendre le contrôle sur l'autre... Du moins, jusqu'en 1818, moment où Shaka, le fils illégitime d'un des chefs zoulou, parvint à évincer ses frères et à prendre la tête du clan.

Shaka a l'âme d'un conquérant...
Il remodèle l'organisation sociale et militaire de son peuple, créée une armée de métier, et conquiert de nouveaux territoires en combattant des tribus rivales, qu'il intègre, de grès ou de force, à son clan. En l'espace de quatre ans, il conquiert un territoire plus vaste que la France, au prix de véritables massacres et de nettoyages ethniques. Après dix ans de tyrannie, son règne s'achève brutalement quand, en 1828, il se fait tué par l'un de ses demi-frères, Dingane, qui s’empare du trône, et tue l'ensemble de la famille royale et la plupart des anciens partisans de Shaka, afin d’assurer sa suprématie.

 

 

 

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Puis vinrent les Voortrekkers, ces populations Boers (les descendants des premiers Européens, essentiellement d'origine néerlandaise, française et allemande) qui, entre 1835 et 1852, ont quitté la colonie du Cap à bord de chariots à bœufs, afin d'échapper à la domination britannique. Leur but : Créer leur république Boer indépendante. Quelques 4.000 Boers embarquèrent pour l'inconnu et se dirigèrent à l'intérieur des terres. Ils pénétrèrent le territoire des zoulous et, malgré leurs messages de paix, 70 d'entre eux furent massacrés par Dingane, qui voyaient en eux des sorciers. La guerre fut déclarée... Ce fut une véritable hécatombe... côté zoulou. Les Boers finirent par obtenir leur république indépendante (appelée Natalia), quant au peuple zoulou, il fut dirigé par Mpande, le demi-frère de Dingane.

Les anglais, eux, continuèrent l'expansion de leur royaume et grignotèrent, petit à petit, toujours plus de territoire... Il annexèrent la colonie du natal en 1843, et la république nouvellement créée des Boers, les poussant à reprendre la route vers le nord.

 

 

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Du fait de leur suprématie, les anglais firent l'objet d'une hostilité grandissante, générant de nombreux conflits, dont la grande guerre zoulou de 1879. C'est d'ailleurs lors de ce conflit que le jeune Prince Impérial, Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte, fils unique de Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie, trouva la mort le 1er juin 1879. Les zoulous gagnèrent une bataille (bataille d'Isandhlwana en 1879), mais pas la guerre... Cetshwayo, le successeur de Mpande, assista au démantèlement de son royaume, à son annexion par la colonie du Natal et à son rattachement, de fait, à l'Union Sud Africaine en 1910.

Dès lors, l'histoire du peuple zoulou est similaire à celle des autres peuples de la région : rattachement en 1961 à la République d'Afrique du Sud, transformation, sous le régime de l'apartheid (1970), de toute la zone en bantoustan (régions réservées aux populations noires), appelé KwaZulu / Zululand, puis réintégration à l'Afrique du Sud en tant que province du KwaZulu-Natal en 1994 (KwaZulu signifiant « terre des Zoulous » en zoulou).

Même si officiellement, le peuple zoulou n'est plus reconnu politiquement, il a toujours à sa tête un roi, le roi Goodwill Zwelithini KaBhekuzulu. Il n'a pas réellement de pouvoir politique, si ce n'est de jouer de son influence sur son peuple pour garantir un électorat à l'ANC qui, en compensation, lui verse un salaire ; salaire suffisant pour entretenir ses six femmes, ses 27 enfants, et payer des voitures de luxe à chacune d'elles. Il a défrayé la chronique à plusieurs reprises au sujet de son niveau de vie fastueux : en septembre dernier, il a demandé au gouvernent une enveloppe de 18 millions de rands pour construire une nouvelle propriété, un palace pour sa dernière femme et rénover le palais d'une autre de ses épouses, et en 2008, ses femmes auraient dépensé près de 24.000 dollars en vêtements et voyage. Bienvenue en République bananière !

 

 

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Toutes ces histoires pour vous dire que je me suis dirigée dans le cœur tribal du pays... Mon mini bus taxi m'a déposée devant la porte de mon hôtel de luxe, qui fait backpacker aussi... Mais hôtel de luxe ou backpacker, nous avons tous été privés d'électricité. Ahhhh, l'électricité... Sujet sensible en Afrique du sud...

Régulièrement, le pays coupe le courant dans une zone déterminée pour éviter le black-out total... C'est ma troisième en quatre mois... La première, journée morte à East London, et les restaurants n'ont pas eu le choix que de servir des repas froids à leurs clients, la deuxième, c'était à Durban... Une coupure de 22h00 à 16h00 le lendemain qui m'a privée certes, de mon thé matinal, mais surtout, a empêcher mon hôte d'aller travailler car sa voiture était dans son garage fermé par une porte électrique ; et enfin, ma dernière à Eshowe... Juste une soirée aux chandelles...

La raison ? L'ANC à écouter les locaux...
En Afrique du sud, l'électricité est gérée par Eskom, une entreprise publique créée en 1923 qui, à la base, a un bon palmarès : premier producteur d'électricité en Afrique, septième dans le monde en terme de volume, et neuvième en terme de distribution.

Mais dans les années 1990, lorsque l'ANC prend le pouvoir, le gouvernement fait le ménage : il vire tous les blancs et les remplace par des noirs inexpérimentés (dû fait de l'inaccessibilité à l'éducation sous le régime de l'apartheid), se désengage du secteur de l'électricité en voulant le privatiser, et rejète les demandes d'investissement d'Eskom pour construire de nouvelles centrales. Résultat : des infrastructures vieillissantes, un manque de capacité de production, ces coupures de courant programmées (mises en place en 2008), et des prix qui flambent...

Et le prix, c'est un sujet récurant dans les news, car on ne parle pas de 2 ou 5 %, mais plutôt de 145 % sur trois ans... Pour financer les investissements qui n'ont pas été fait ces vingt dernières années (budgétés à 52 milliards de dollars), Eskom a réussi a obtenir quelques 4 milliards d'euros de banques européennes, africaines et françaises (en 2008, les coupures de courant ont été très coûteuses pour le pays... Le taux de croissance était alors passé de 5% en 2007 à 3,1% en 2008, les mines de diamants, d’or et de platine avaient dû fermer, mettant des milliers de mineurs au chômage technique et entraînant la flambée des cours mondiaux de l’or et du platine, et la consommation chuta fortement), mais il reste toujours 48 millions de dollars à trouver, et ça, ce sont les Sud-Africains qui vont les payer...

L'électricité qui était l'une des moins chères au monde ne l'est plus tant que ça aujourd'hui... Depuis quatre-cinq ans maintenant, Eskom augmente ses prix de 45% par an, amputant sensiblement le pouvoir d'achat des ménages et la compétitivité des entreprises... Seule une entreprise y échappe : BHP Billiton, qui a réussi à négocier des tarifs super compétitifs (0,20 rand par kilowatt pour BHP, contre 0,90 rands pour le particulier en consommation de base, et 2,10 rands au second palier*), du fait de sa forte consommation, mais aussi car Eskom en détenait des actions.

Un autre point d'exaspération de la population, ce sont les bonus pharaoniques qui ont été versés aux dirigeants d'Eskom, l'exportation d'électricité dans les pays voisins (Zimbabwe, Mozambique), alors même que la capacité de production est insuffisante pour répondre à la demande Sud-Africaine (le contrat qui avait été signé sous le régime de l'apartheid vendant le surplus d'électricité, a été reconduit pour vingt années supplémentaires, sans même avoir été réévalué), les paliers de prix qui pousse les habitants à sous-consommer, s'ils ne veulent pas voir le prix du kilowatt augmenter de 110 %, et maintenant les discussions sur l'extraction des Gaz de schistes dans le Karoo, qui détériorera le paysage et polluera l'eau déjà bien rare dans cette région désertique...
Bref, un sujet brûlant ici...

 

 

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Les seuls que la coupure d'électricité n'a pas dérangé, c'est un couple belge et leur fille en bas âge, qui faisaient du camping pendant un mois en Afrique du sud. Compte tenu de la taille d'Eshowe et de la diversité des sites touristiques à y visiter, je les ai croisé souvent... Une ballade dans la ville, ils y étaient, la visite du fort qui servit à résister aux attaques zouloues de la guerre anglo-zouloue de 1879, ils y étaient, le restaurant où j'ai mangé ma quiche butternut-feta, ils y étaient...
   
Eshowe est tellement petit et les choses à y faire sont tellement limitées, que tout le monde se retrouvent sans même se donner rendez-vous... Le seul endroit où je me suis vraiment sentie seule et où j'aurais vraiment apprécier de la compagnie, c'est lors de ma randonnée dans la forêt de Dhlinza, que j'ai vite écourté, car j'avais oublier à quel point la forêt pouvait être flippant... Du coup, j'ai fini ma journée à déambuler dans les quartiers résidentiels de la ville, à entrer dans tous les magasins, du china store au magasin de sport, et à rencontrer les locaux dans les containers transformés, le soir venu, en pub où la bière artisanale coule à flot...

Le lendemain, après mon jogging dans mes nouvelles tennis Nike achetées la veille, à passer de cimetières de guerre en champs de batailles, j'ai préparé mon paquetage, et suis partie de cette micro ville (pourtant capitale du Zululand) dont j'avais fait amplement le tour... Prochain stop : Les Wetlands d'Isimangaliso.

 

 

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Alors que je me dirigeais avec tout mon bardât en direction du taxi rank, je me suis faite arrêtée par une voiture qui m'a demandée où je me rendais. À son bord, VxxK, un homme de 42 ans, originaire de Port Elisabeth qui me propose de me déposer à la prochaine grande ville, car c'est dans sa direction... Il est contrôleur en assurance, et son job consiste à traquer les fraudes à l'assurance, essentiellement automobile... Il parcourt tout le pays pour rencontrer les quelques assurés ayant fait une déclaration de sinistre douteuse. Ce jour là, il avait un rendez-vous avec un gars vivant à Eshowe, ayant eu un accident, et en moins d'une heure, il avait réussit à lui faire avouer qu'il était sous l'emprise de l'alcool au moment des faits, donc non couvert par l'assurance. Il avait gagné sa journée, du coup, il avait du temps pour faire du tourisme et me conduire à Santa Lucia, mon point de ralliement pour explorer la région...

En chemin, nous nous sommes arrêtés à des stands d'artisanat qui bordent la route. Ici, la matière première, c'est le bois. Et il y a de quoi faire... Sur les 130 kilomètres qui relient Eshowe à Santa Lucia, la forêt s'étendait à perte de vue. Seulement 7% du pays est recouvert de forêt (contre 30% en France, la moyenne mondiale), mais prêt de 40% de la forêt du pays se trouve dans la province du kwaZulu Natal, donc tu ne peux pas la manquer... Les forêts du coin alimente l'industrie du papier et du charbon de bois... et fait de jolis phacochères, hippos et rhinos, à poser sur le bord de ta cheminée...

 

 

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Santa Lucia est située dans la région des wetland d'Isimangaliso, la plus grande zone humide à l'intérieur des terres d'Afrique du sud (36 000 hectares). Du fait de sa bio diversité, la zone est classée patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. Un "must do" à Santa Lucia, c'est la croisière sur la rivière qui borde la ville, à la recherche des 800 hippopotames et 1200 crocodiles. Mais manque de chance, quand je suis arrivée, le temps n'était pas vraiment optimal pour avoir la chance d'en rencontrer... Au moins deux jours de pluie et de vent à édenter un hippo !

 

 

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Premier jour, journée morte ! J'ai juste essayer de m'occuper comme je pouvais dans un village où toutes les activités se passent à l'extérieur...

- Petit tour de la ville en longeant la rivière... Express le petit tour, car quand tu vois tous ces signes de mise en garde mentionnant la présence de crocodiles et d'hippopotames, et les mémoriaux de personnes qui ont été tués par des hippos et des crocos, alors qu'ils se baladaient ou péchaient sur les rives de la rivière, tu ne te sens pas vraiment rassuré...

 

 

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C'est un couple de Hockwick, dans les Midlands, qui m'a dit que je ne risquaient rien à cette heure de la journée... Les crocos, ils sont trop fainéants pour bouger et te chopper le mollet, quand aux hippos, c'est la nuit qu'ils sont le plus dangereux, car c'est une fois la nuit tombée, qu'ils sortent de leur rivière, se promènent dans les rues du village en quête de nourriture (il consomme 40 kg de matières végétales par jour), et n'hésitent pas à charger s'ils se sentent menacés. Il n'est pas rare que les habitants de Santa Lucia trouvent des hippos dans leur jardin en train de brouter leur gazon...

J'ai donc continué ma ballade au bord de la rivière et jusqu'à son embouchure. En chemin, j'ai croisé des vendeurs de Monkey fruits transformés en photophore et décorés de motifs africains, et j'ai re-croisé mon couple de sud africain qui m'a indiqué où se cachaient les hippos... Alors j'y suis allée... J'ai d'abord vu les signes de mise en garde, puis les empruntes, et enfin les fameux "chevaux des fleuves " (du grec ἵππος, hippos, « cheval », et ποταμός, potamos, « fleuve », en référence à leur mode de vie amphibie), vautrés lamentablement sur un banc de sable.

 

 

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- Petit tour du marché de la ville, avec les fruits de la région vendu en lot : le filet d'avocats, de vrais obus, le lot de six ananas Victoria pour une bouché de pain, et le filet de fruits de la passion, que je n'ai même pas eu à acheté, car je les ai directement cueillis des arbres du bord de la route... Un sac plein... Un pur délice !

 

 

 

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- Petit tour en direction le village de Khula, situé à 7km de Santa Lucia... Une bonne idée de ballade, de prime abord, mais quand j'y suis arrivée, le village que je croyais traditionnel était en réalité un attrape touriste. J'ai donc décidé de rentrer à pied et de m'arrêter aux stands d'artisanat du bord de la route pour regarder de plus prêt, ces oeuvres d'art. C'est là que j'ai fait la connaissance de Victor, Wellington et Blessing, trois artisans en train de travailler dans leurs arrière boutique, c'est à dire dans la forêt à côté de la route. On discute, on rigole, et on négocie... J'ai encore craqué pour des sculptures en bois, que je verrai très bien dans ma future bibliothèque, dans le futur salon de mon futur appartement, dans ma future terre d'accueil... Grosso-modo, ça va encore rester dans un carton quelques années !

 

 

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- Petite soirée en compagnie d'un sud-africain esseulé... À mon retour à mon backpackers, j'ai salué Richard, un sud africain d'une soixantaine d'années qui, visiblement, était content qu'on lui adresse la parole... Il est originaire de Johannesburg, travaille dans le bâtiment, et est venu passer sa semaine de vacances à Santa Lucia, avec son frère et sa belle sœur, pour pêcher. Il me disait qu'il avait perdu sa femme il y a 15 ans, la première et la dernière... Jo'burg, c'est dangereux... Il s'est fait ligoté chez lui par deux hommes qui, en trois minutes, lui ont piqué sa voiture, sa télé, et tout plein d'autres choses. C'était à huit heure du matin... Il a eu de la chance qu'ils n'aient pas tiré avec le pistolet qu'ils lui braquaient sur la tempe...

Un vrai moulin à parole ce Richard ! Il avait l'air tellement content de trouver quelqu'un avec qui discuter, (son frère et sa belle soeur ont prix une chambre dans un cottage plus cossu), qu'il est parti dans sa chambre pour me ramener ses "Rosemary biscuits", des biscuits Made in South Africa que je devais goûter à tout prix, et me répétait sans cesse que Cape Vidal, c'est tellement beau, qu'il m'y emmènerait... Ce discours là, j'y ai eu droit trois jours consécutif...

 

 

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À coup de petites choses, j'ai finalement réussi à occuper ma première journée !

Ma deuxième journée ne s'est pas annoncée meilleure en terme de temps, et là, je crois que j'avais épuisé toutes mes ressources en terme de "comblage d'emploi du temps"... Ce jour là, il pleuvait des cordes... Mais tout à coup, la pluie a cessé, et j'ai tenté ma chance au parc national des Wetland. Je me suis postée à l'entrée, où les voitures sont obligées de s'arrêter pour s'enregistrer, afin de trouver une âme charitable qui voudrait bien me déposer au Cap Vidal, le fameux endroit dont m'a tant parlé Richard, et où le seul moyen d'accès est la voiture... C'est un couple de Hollandais voyageant quinze jours en Afrique du sud qui m'y a déposé. Elle est avocate, et lui s'occupe de la régulation du trafic ferroviaire à la SNCF hollandaise.


En route, nous avons croisé kudus, impalas, phacochères,... puis nous sommes arrivés sur cette fameuse plage, un repère de pêcheurs et d'amateurs de snorkeling aussi... Après une promenade et un pique nique sur la plage, je suis rentrée en "ville", avec un autre chauffeur cette fois ci... Un détective qui travaille en collaboration avec la police pour attraper les braconniers de rhinocéros... Au moment où je l'ai rencontré, il était sur la piste de ceux qui ont tué un rhino le mois d'avant... C'est encore de la faute des chinois tout ça... de leurs croyances et médecine traditionnelle... Les chiffres sont consternants et dramatique, car ils ne cessent d'empirer... 13 rhinos tués en 2007, 83 en 2008, 122 en 2009, 333 en 2010, 448 en 2011, 668 en 2012, et l'année 2013 s'annonce pire...  

 

 

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Après les rhinos, je suis passée aux hippos, avec une croisière au coucher de soleil sur l'estuaire de la fameuse riviere, à les observer vivre et à écouter les explications sur leur mode de vie. Maintenant, je sais tout sur les hippos :

Ils vivent une quarantaine d'années ; amphibie la journée pour se protéger du soleil et sur la terre ferme la nuit pour rechercher de la nourriture. Ils vivent en groupes pouvant compter jusqu'à 40 individus, essentiellement composés de femelles et de leurs petits, et dominés par un mâle polygame et irascible, qui pourra tolérer la présence d'autres mâles, si ces derniers se soumettent à son autorité. En cas d'affrontement, c'est à celui qui ouvrira le plus grand sa mâchoire (pouvant s'ouvrir jusqu’à 180 degrés), et à coup de canines (pouvant mesurer plus de 60 cm), qu'ils se battent. Le "vaincu" remuera sa queue et déféquera dans l'eau en signe de soumission. Contrairement aux apparences, l'hippopotame est l'animal le plus dangereux d'Afrique. Chaque année, il est responsable d'environ 200 morts et est responsable de nombreuses morts, car malgré ses 3 à 4 tonnes à porter, il peut courir à plus de 48 km/h.

 

 

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Puis j'ai repris la route pour un lieu qui porte bien son nom : Bushland. Et là, on peut dire qu'on était vraiment dans le bush... C'est tellement le bush, qu'il n'y a pas vraiment de mini bus qui y passent, et c'est grâce à un de mes nouveaux prétendants (tu discutes cinq minutes avec un gars, et il te demande "BMW" (Be My Wife) - au moins, ça réglera mon problème de visa !) que le chauffeur a bien voulu me déposer à la porte de mon backpacker (3km à la sortie de la route principale).

 

 

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La raison pour laquelle je suis venue dans le bush, c'est qu'à une vingtaine de kilomètres de là, tu as le parc national de Hluhluwe (prononcé Shlushluwé), la plus ancienne réserve d'Afrique, et le seul endroit dans la province du KwaZulu-Natal où l'on peut rencontrer les « Big Five ». Mais la star des lieux, ce sont les rhinocéros blancs, puisque c'est pour les sauver de l'extinction que le parc a été créé en 1895. Aujourd'hui, on en compte 14.530, la population la plus importante au monde.

C'est un employé de Rentokil, une société d'entretient qui m'y a déposé. Il se rend une fois par mois dans le parc pour désinfecter les sanitaires du lodge. On etait en train de discuter de nos vie respectives quand tout a coup, une girafe a traversé la route... Puis tout un troupeau... C'est à ce moment là que j'ai compris que le safari commençait... Après, ça a été les bufalos, les springbok et les zèbres, déjà pas mal d'animaux avant même de commencer le safari que j'avais réservé. Cela s'annonçait prometteur...

 

 

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Mon safari officiel de trois heures, c'est avec des Indiens de Durban que je l'ai fait. Le moment le plus fort, c'est quand, nous entendant arriver, un rhinocéros blanc qui était couché dans la boue s'est relevé, a essayé de se désembourber, s'est approché de notre jeep en nous regardant, a traversé la route, a fait un gros popo, l'a recouvert de sable, et s'est éloigné en marchant sur la route, en solitaire... Impressionnant... Et quelque part, très triste, car certainement un rhino solitaire qui avait dû être rejeté d'un groupe, à moins que ce soit le seul survivant des braconniers...

 

 

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Après la dégustation d'une kudu pie, j'ai recherché un lift pour rentrer à la "maison", et c'est Claude, un sud africain de Durban, qui a passé vingt années de sa vie hors du pays, qui m'a déposé au village le plus proche de mon bush. Il a vécu en Allemagne, au Brésil et aux États Unis. Il travaille dans le marketing et la promotion de destinations touristiques. Il parle un peu de français car pendant son séjour en Allemagne, il a fait le tour de la France en autostop... Son look, un mélange très métisse... Sa mère est originaire de l'île de Saint Hélène, et son père d'Afrique du Sud...

Au village de Hluhluwe, j'ai fait un peu de shopping pour la soirée braai qui était prévue, et ai commencé à marcher les 5-6km qui devaient séparer le village de mon bush... Oh la la, mauvaise idée... Et ça, une camionnette avec à son bord deux fermiers, me l'ont fait savoir, en m'engueulant comme si j'étais leur fille... Les 5-6 km dont m'avaient parlé la réceptionniste de mon backpacker étaient en réalité 15-20km, sur une piste déserte, à une heure où la luminosité commençait déjà à tomber... Ils m'ont donc déposé en me disant qu'ils étaient à deux doigts de prévenir ma mère !

Ça y est... Dernière soirée en Afrique du sud avant l'expiration de mon visa... Dernier braai aussi... Chacun a ramené sa bidoche et l'a grillé sur le feu... C'est là que j'ai fait la connaissance de CxxxxE, un sud africain de Durban qui vit à Londres depuis quinze ans. Il a créé sa boite de consulting et était de passage en Afrique du sud pour passer les vacances avec sa sœur qui vit toujours ici... Il me disait que le braai, c'est dans les gènes de tous les Sud-Africains... Même en hiver, sous la neige, dans son jardin de Londres, il braai... Mes morceaux de poulets étaient entre de bonnes mains !

 

 

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Leçon N.12 : Suivre un peu mieux la leçon N.2 (organiser un minimum son voyage), pour ne pas avoir à "skipper" des destinations méritant le détour, car ton visa arrive à échéance...

 

 

 

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 23:19
      
Me voila donc à la frontière... Premier coup de tampon pour sortir du Lesotho, RAS ! Deuxième coup de tampon pour rentrer en Afrique du sud, RAS ! Sauf que... Je découvre que mon visa n'est pas remis à zéro comme je le pensais, et qu'il me reste plus que 15 jours avant de devoir quitter le pays à nouveau...

La deuxième mauvaise nouvelle du jour, c'est que je suis bloquée au poste frontière, car ici, il n'y a pas de bus allant à Clarens, ma prochaine destination... Sur ce coup là, les douaniers ont été sympa, car ils ont demandé à toutes les voitures de passage leur destination afin de me déposer quelque part sur la route...

C'est un couple de Pretoria qui m'a emmenée à Fricksburg, une ville équidistance entre le poste frontière et Clarens... Ils sont agents immobilier et venaient passer quelques jours de vacances au Lesotho. Ils n'y ont pas vu grand chose car ils ne savaient pas ce qu'il y avait à y voir, et quand je leur ai montré mon "rought guide", ils voulaient le même !

À Fricksburg, je suis passée de mini bus en mini bus avant de trouver celui qui m'emmènerait jusqu'à Clarens, où du moins sur le bord de l'autoroute à l'entrée de la ville. Après d'âpres négociations avec le chauffeur, j'ai finalement réussit à le convaincre de me déposer au poste de police, et ce sont les gendarmes qui ont pris le relais pour me m'amener directement à mon backpackers.
 
 
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Clarens est une petite ville de 5000 habitants, qui vit essentiellement du tourisme, car elle possède de nombreuses galeries d'art, magasins tendance, et boutiques de décoration et de créateurs, attirants ainsi les habitants des grandes villes alentours pour le week-end. Par chance, je suis arrivée le week-end de pacques, la meilleure période pour visiter la ville, car il semblerait que le reste de la semaine, ce soit ville morte...
 
 
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J'y ai passé trois jours... Trois jours à alterner entre jogging, marché d'artisanat et dégustations de produits de terroir (fromage, biltong, biscuits, chocolats et pannekoek), trois jours à me faire des repas gastronomiques (après presque trois semaines au Lesotho à ne manger que du poulet /pap et légumes trop salé), et trois jours à me cailler sous une tente, car tous les backpackers étaient complets, et aussi parce que le Free State (et particulièrement Clarens) est sur le passage des vents glacials provenant du Drakensberg... Et puis cette année, pacques était particulièrement frais...
 
 
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Pendant ces trois jours, j'ai également fait la connaissance d'Albert, un artiste que j'ai rencontré au marché et qui peint sur des plaques de métal qu'il récupère un peu partout, du même genre que celles utilisées pour faire les maisons. On a longuement discuté de son art, et on s'est retrouvé, par hasard, le lendemain, devant une taverne alors que je me baladais dans le Township de la ville. Clarens est tellement petit, que nous nous sommes croisé à nouveau le jour de mon départ... Il m'a fait un grand signe d'au revoir.
 
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D'un côté tu as le centre ville, ses restaurants tendance fréquentés par les blancs, et de l'autre, le township, avec ses stands de junk food, lieu de rendez-vous des noirs. Le Township, c'est vraiment un autre monde... J'aime ce monde là... Les gens sont simples, viennent vers toi, te posent plein de questions, t'invitent chez eux à picoler ou à danser et prennent la pose pour être pris en photo... Et puis avec les enfants... Qu'est-ce qu'on a rigolé !

Deux mondes séparés qui ne se mélangent pas, car chacun a peur de l'autre... Surtout dans le Free State, la plus conservatrice des provinces... Le free state est une province traditionnellement blanche. Au début du siècle dernier, les blancs étaient en majorité (Ficksburg : 52.3%, Ladybrand : 60.0%, Kroonstad : 51.6%), mais aujourd'hui, ils ne représentent plus que 10% de la population (toujours plus que la moyenne nationale).
 
 
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Après ma journée chez les "noirs", ma soirée chez les "blancs"... Un braai avec un concert live au coin du feu...
 
 
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J'ai profité de ces trois jours pour me rendre au "Golden Gate Highlands National Park", un parc national de 340 km2, dont la particularité sont ses falaises en grès doré. Tu as juste l'impression que les roches ont été jetées, comme tombées du ciel... je les ai escaladées, et je peux vous dire que la vue d'en haut est grandiose...
 
 
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Puis j'ai repris la route, et mon mal en patience aussi, car sans bus, je n'ai dû compter que sur la générosité des gens... Ma destination : le Drakensberg... Mon moyen de transport : le stop...

Voiture N.1 : Un sud africain de Jo'bourg qui est en week-end prolongé, et qui travaille chez SASOL (Suid Afrikaanse Steenkool en Olie), dans l'énergie de substitution au pétrole. Il me disait que, comme 40 % des Sud-africains, il conduit avec un essence fait à base de gaz ou de charbon. Beaucoup plus polluante que le pétrole, mais beaucoup moins dépendante des pays du golf aussi... Il m'a conduit jusqu'au camping du parc national, même si ce n'était pas sa direction, afin de me faciliter le stop.
 
 
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Voiture N.2 : Un couple de personnes âgées qui m'a mis dans le coffre de leur Pick up et qui m'a déposé au Basotho Cultural Center. Je ne sais pas grand chose d'eux, si ce n'est qu'ils venaient du Gauteng, la région de Jo'burg... Normal, j'étais dans le coffre... Le Basotho Cultural Center, c'est une sorte de musée à ciel ouvert montrant l'architecture des maisons de la région à différentes époques. Cela fait un peu "attrape touristes", car tu dois demander le droit d'entrer au soit-disant chef du village, qui t'accueille en t'offrant une bière artisanale qu'il goutte en premier pour te prouver qu'elle n'est pas empoisonnée, tu visites les différentes maisons, on t'y fait goûter l'alimentation locale, et puis tu as un défilé de mode te montrant les différentes tenues traditionnelles... Ce jour là, le mannequin, c'était moi... Une succession de peaux de bettes... La classe !
 
 
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Voiture N.3 : À vrai dire, c'est un mini bus taxi qui avait fini sa tournée, qui m'a vu marcher et qui m'a pris en stop... Il s'est demandé comment, sans voiture, j'avais pu arriver là... J'avais pourtant décidé de rejoindre la route principale à pied, car c'est là que j'avais planqué mes bagages, mais il n'a pas voulu me laisser toute seule dans cette grande étendue montagneuse... Il m'a donc conduit jusqu'à Phuthaditjhaba, la première ville à la sortie du parc, où je pourrais trouver plus facilement une autre voiture...

Voiture N.4 : Louis, 42 ans, chauffeur poids lourd et fatigué de conduire toute la journée. Son rêve : acheter un camion et donner des cours de conduite. Pour le moment, ce n'est qu'un rêve, car le camion coute 30.000 à 50.000 rands (3 à 5.000 €), et qu'il est toujours en train de rembourser le crédit qu'il a contracté pour sa voiture personnelle en 2008. Il vit à Ficksburg, et connait toutes les routes du pays, car son job est de livrer les supermarchés type spar, shoprite ou pick&pay dans tout le pays... Il m'a déposé au croisement de la R74, la nationale allant en direction du Drakensberg...
 
 
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Voiture N.5 : Penny, 29 ans, et son fils de 10 ans dans une Audi. Elle recherche un travail depuis trois ans maintenant. Un poste de secrétaire... Si elle n'était pas au chômage, ça fait longtemps qu'elle aurait quitté son mari. Il lui a dit qu'elle n'est pas chez elle dans sa maison... Le jour où je lai rencontré, elle rentrait d'une visite chez sa sœur à Harrysmith, à l'occasion du long week-end de pacques. En route nous avons ramassé des pommes de terre qui étaient tombées d'un camion... Elle a dû en faire des pommes frites !

Ahhh, le stop... Tu ne sais jamais combien de temps tu vas attendre, ni sur qui tu vas tomber...
 
 
Finalement, je suis arrivée à mon backpackers... L'Amphitheatre backpackers, avec vue sur les montagnes... Magnifique de prime abord, mais trop touristique à mon goût... Toutes les occasions sont bonnes pour essayer de te vendre leurs tours avec une trentaine de touristes... À les écouter, tu ne peux pas te rendre par toi même au Royal Natal National Park, car il n'y aurait pas de transports publics, mais c'est mal me connaître que de penser que je vais abandonner ! Le lendemain, je me suis pointée sur la R74 en direction de Kwamiya, le patelin le plus proche de l'entrée du parc. Je n'ai pas eu à attendre dix minutes qu'un premier mini bus taxi est passé. Passé seulement... il ne s'est pas arrêté... Le second sera le bon... Un mini bus taxi totalement vide qui se rend exactement où je veux aller...
 
 
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Au fur et à mesure que l'on se rapproche du parc, l'amphithéâtre commence à se dessiner. C'est la formation rocheuse considérée comme l'un des panoramas les plus spectaculaires du monde. Elle mesure plus de 5 km de long (dix fois plus large que le célèbre El Capitan du parc national de Yosemite), et atteint 1.220 m de haut. Petit à petit, le bus se remplissait aussi... Nous avons fini le bus plein, avec les passagers qui essayaient de me caser avec le chauffeur... Après 45 minutes de route, je me trouvais à l'entrée du parc National et j'avais presque la bague au doigt !
 
 
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À l'entrée, on m'enregistre. J'ai encore sept kilomètres à parcourir avant d'arriver au point de départ des randonnées... Par chance, un camion arrive. J'ai à peine le temps de regarder sa cargaison que je lui demande un lift pour les sept kilomètres restant... C'est seulement en montant à bord que je me rends compte qu'il transporte des touristes à travers l'Afrique australe (oui, oui, un camion, pas un bus !).

Après une visite guidée des peintures rupestres des bushmens vivant là il y a plusieurs milliers d'années, j'ai pu attaquer mes cinq heures de randonnée m'amenant à ce fameux amphithéâtre. Grandiose... Un peu d'exercice et de somptueux paysages. En chemin, j'ai retrouvé mon groupe de touristes, par contre, les chutes Tugela, les deuxièmes plus hautes du monde, plongeant de plus de 948 mètres depuis la falaise de l'Amphithéâtre, je ne les ai pas trouvées...
 
 
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Et puis sur les coups de 17h00, je suis rentrée au camp, mais il n'y avait plus personne, si ce n'est deux femmes de ménage qui vivent dans le parc... Pendant prêt d'une heure, j'ai attendu que l'un des gardiens du parc me conduise au taxi rank du village d'à coté, en espérant qu'un taxi passe avant la tombée de la nuit... Ce jour là, j'étais chanceuse, car un taxi est arrivé dans les dix minutes qui ont suivi. Il a conduit d'une traite, car j'étais seule à bord, dépassant même le camion de touristes du matin, et il m'a déposé juste devant la porte de mon backpackers. Prix de ma journée : 49 rands et beaucoup d'aventures et de rencontres, contre 900 rands et beaucoup de frustrations en passant par une agence...
 
 
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Le lendemain, la pluie a commencé à tomber, et les prévisions pour les jours qui suivaient ne s'annonçaient guerre mieux... J'ai donc écourté mon séjour dans le Drakensberg, et suis retournée à Durban... Deuxième fois à Durban, deuxième arrivée sous la pluie...

Cette fois-ci, ce sont AxxE et RxY que je retrouve... Ce sont les cousins de mon amie KxM, que je n'avait pas réussis à rencontrer la première fois... Ils habitent à Umhlanga Rocks, une des stations balnéaires les plus chics du pays, située au nord de Durban, dans une gigantesque maison de style Cap-malais, à 20 mètres de la plage.

Lui, est Sud-Africain et travaille dans l'IT, elle, est Allemande et gère la branche sud-africaine de la SOFRES. Elle est arrivée en Afrique du sud pour une mission temporaire, a rencontré RxY et n'est jamais repartie. Ils n'ont pas d'enfants, mais sont "parents" de deux gros chiens... Comme la plupart des sud-africains...
 
 
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À mon arrivée chez eux, nous avons attaqué les choses sérieuses : un diner liquide... Deux bouteilles de vin, sans manger... Quand je me suis réveillée le lendemain, j'avais la gueule de bois, mais j'ai quand même réussi à trouver le chemin de la plage pour aller y faire mon jogging. KxM m'avait prévenue que c'était des bon-vivants...

Je suis restée quatre jours chez eux, juste pour me reposer, faire un break dans mon voyage, et vivre à la sud-africaine aussi... Mon petit rituel du matin, après mon jogging sur la plage, était de prendre mon petit déjeuner en compagnie de la grand mère, MxxxxxN. Nous avons eu de longues discussions... Amour, travail, Afrique du sud, politique... Quand elle était jeune, elle travaillait comme secrétaire. Puis elle a pris sa retraite, puis elle a eu un cancer, et son fils a pris soin d'elle, et depuis, elle vit avec eux. À plus de 70 ans, elle est toujours aussi coquette, et elle était toute contente de me montrer son dernier achat : un sac à main imitation crocodile, avec tout plein de poches intérieures...

Aller dans le centre ville de Durban depuis Umhlanga n'est pas simple, donc je suis restée dans ma banlieue chic... Promenades sur le front de mer en observant les enfants jouer et les adultes se promener, shopping dans les centres commerciaux ultra modernes, déjeuner dans des restaurants de plage ou tendance... La British pie de la Brasserie George était tout simplement succulente...
 
 
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Et puis il y a eu toutes ces soirées "afrikaans style"... Le match de rugby du vendredi soir dans un pub, à picoler des bières, du vin et/ou des springbok, un cocktail à base de liqueur de menthe et d'amarula. Ce jour là, les Sharks (de Durban) jouaient contre la Nouvelle Zélande...

Le rugby, c'est toute une histoire... C'est un des sports le plus populaire d'Afrique du Sud, du moins pour les blancs... Sous le régime de l'apartheid, les joueurs non-blancs ne pouvaient affronter les blancs, ni ne pouvaient représenter l'Afrique du sud dans les compétitions internationales. C'est en 1995, lors de la coupe du monde de rugby organisée en Afrique du Sud, et première année du mandat de Nelson Mandela, que cela a changé... Mandela vit dans cet événement sportif, la possibilité de créer un sentiment d'union nationale derrière l'équipe du pays : « One team, one country ». Si vous ne l'avez pas vu, je vous conseille le film Invictus...
 
 
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Je n'ai pas compté les points (je ne connais toujours pas les règles), ni les verres d'ailleurs... J'ai juste appris que notre Frederick Michalak a joué pour l'équipe des Sharks, et que les vendredis soirs à Durban sont très arrosés...

... Et le braai du samedi aussi... Cuisses de poulet, boerwurst, steak de bœuf, ribbs. Selon les braai et les gens, la méthode est différente. Il semblerait que pour le vrai braai sud-africain, chacun amène sa propre nourriture, la fait griller sur le grill, et mange ce qu'il a apporter, sans vraiment partager. Les seuls plats communs, sont les salades d'accompagnement... Pas si convivial que ça quand on y pense...
 
 
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Ma seule escapade en ville, cela a été pour visiter le musée Kwa Muhle, traitant de l'apartheid et du système en vigueur à Durban... Au début du XXème siècle, la population de Durban était relativement faible (environ 55.000 personnes, dont 15.000 noirs). Face à l'augmentation impressionnante de la population (elle a presque doubler en vingt ans), et pour éviter que la population noire ne dépasse la population blanche, les autorités mirent en place un système de passeport limitant l'afflux des noirs en ville aux seules personnes devant y travailler. C'est dans cette optique que le "Native Administration Department" a été créé. Il fournissait aux personnes noires, ce fameux "passeport" - le droit à un travail, à un hébergement (des dortoirs unisexes ou des townships), et à des soins médicaux.

Le plus fou dans tout ça, c'est que ce sont ces mêmes personnes qui finançaient ce système... En 1908, le Native Beer Act entre en vigueur, donnant à la municipalité de Durban, le monopole sur la vente de bière en ville (la seule autorisée pour les non blancs). Les revenus générés financèrent l'entretient et la construction de baraquements, de dortoirs, de bars et brasseries, et la police de la ville aussi. Ainsi, le coût de ce système fut totalement transparent pour les contribuables blancs de la ville.

J'ai profité de ma présence dans le centre ville pour aller au "workshop", un centre commercial installé dans l'ancienne gare de la ville datant de 1860. Tu y vois toujours la charpente métallique, le toit en verrière, et les boiseries aussi... Après avoir mangé un bon curry dans un des très populaires restaurants indiens de la ville, j'ai fini sur la place Xuma. Il s'y tenait une sorte de show, visiblement très drôle... Je n'ai pas tout saisi, car ils parlaient en zoulou, mais à un moment, j'ai bien compris qu'ils parlaient de moi, la seule blanche de l'audience. Pendant un quart d'heure, j'ai été le sujet de leur sketch... Ils se sont bien marrés en tout cas !
 
 
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Et puis je suis rentrée... Pas si simple que ça en fait, car il a fallut que je trouve le bon taxi rank (la ville en compte cinq ou six situés dans différents endroits), et puis on m'a parlé de ce city bus, que j'ai recherché pendant une bonne demi heure, mais qui ne circule que deux fois par jour... Un entraînement avant de reprendre la route à nouveau...

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Leçon N.11 : toujours avoir un papier et un stylo... C'est plus pratique pour indiquer ta destination...  
       
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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 21:03

 

 

 

Ça y est, le jour du grand départ est arrivé. Nous chargeons nos sacs et nos provisions dans sa « Mathoubathouda», un 4x4 qui a fait plusieurs fois le tour du Lesotho, et qui a passé de nombreux cols ces quinze dernières années, alors que les routes n'existaient pas encore... J'en veux pour preuve, les nombreux badges fixés sur sa carrosserie...

 

 

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Notre destination : le barrage de Katse... Depuis Maseru, nous traversons les champs jaunes du «lowland», avec, de temps à autres, des concentrations de fleurs roses... Ce sont des Cosmos... Elles sont partout... Elles ont été importées du Mexique par mégarde pendant la guerre des Boers, car les britanniques étaient en pénurie de foin pour nourrir leurs 130.000 chevaux. C'est simple... Tu as une question sur le Lesotho... René-Paul a la réponse... Il a passé ses treize dernières années à sillonner les routes du pays, à lire sur le pays, et donc il connait tout et tout le monde... Une chance que de voyager avec lui...

 

 

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La route que nous avons empruntée pour nous rendre au barrage a été construite par les français. C'est un chef-d'oeuvre d'ingénierie, puisqu'elle suit, sur 121 kilomètres, la courbe des montagnes, et atteint son point le plus haut au niveau du col de Mafika-Lisiu, situé à 3090 mètres d'altitude. Elle est la première étape du « Lesotho Highlands Water Project », un projet hydraulique débuté en 1986, visant à alimenter l'Afrique du sud en eau, et le Lesotho en argent...

 

 

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Après trois-quatre heures de route, nous arrivons au réservoir. Il contient jusqu'à deux millions de mètres cube d'eau, provenant de la rivière Malibamat'so. Lors de notre arrêt photo, des enfants nous tendent des truites saumonées éventrées. Nous aurions eu de quoi la cuire, notre déjeuner aurait été tout trouvé...

Grâce à la quantité d'eau disponible au Lesotho (75 fois supérieure à la consommation nationale), chaque mois, il encaisse 32 millions de rands, pour fournir 30 m³/s d'eau à l'Afrique du sud. 60 % de l'eau consommée par les Sud-africains provient du Lesotho. Autant dire que les sud africains ont intérêt à être sympa avec leurs voisins... L'eau, c’est leur « or blanc »... Ce n'est pas pour rien que leur devise nationale est : « Khotso, Pula, Nala » (en Sesotho : « Paix, pluie et prospérité »).

 

 

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Le barrage, nous l'avons visité... Je ne savais même pas qu'on pouvait rentrer à l'intérieur du mur, et que l'on y trouverait un dédale de couloirs... Il a été construit par un consortium impliquant Bouygues et six autres entreprises internationales. C'est le plus haut d'Afrique (1993 mètres au dessus du niveau de la mer) et le second plus grand d'Afrique (185 mètres de haut, 710 mètres de long et 60 mètres d'épaisseur), après celui du lac Volta Akosombo au Ghana. Les travaux ont été achevés en 1996 et a il a été mis en service en 1997.

 

 

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Ce barrage qui est la fierté du pays (il contribue à hauteur de 5 % du PIB), ne fait pas que des heureux. Ce qu'ils ne disent pas dans leur visite guidée, c'est que sa construction a déplacé une centaine de personnes, et que les habitants qui ont été déplacés, n'ont désormais accès à l'eau courante que six mois par an, puisque pendant les mois d'hiver austral, leur robinet collectif est à sec, les contraignant ainsi à marcher quatre à cinq heures pour récupérer de l'eau. Leur seul bénéfice : la vue qu'ils ont sur le réservoir qui recouvre leurs anciens champs !

Nous, le réservoir, c'est en sirotant un thé au couché du soleil que nous l'avons observé... et puis en parlant de sa galerie à Fouriesburg, des relations qu'il entretient avec le consulat et les instances gouvernementales pour promouvoir son travail (pas très bonnes à vrai dire, car la Ministre de la culture n'a même pas daigné faire le déplacement pour le vernissage de l'exposition), du projet sur lequel il travaille (un photo reportage sur les peuples et leur portable... Il semblerait que les Basothos y consacrent 30% de leur budget...), et de son étique professionnelle aussi... Quand il utilise une photo, il essai de retrouver son sujet pour lui en donner un exemplaire, et quand il en tire un bénéfice en vendant un de ses clichés, il met un point d'honneur à en rétribuer une partie à son modèle... Puis après notre dîner de truite saumonée au restaurant de l'hôtel, j'ai eu droit à une projection privée de ses photos, avec la petite histoire qui va avec... Fascinant...

 

 

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Vu la bonne journée que nous avions passée la veille, nous avons décidé de continuer notre road trip ensemble. Chaque jour de notre voyage à durée indéterminée (tous les jours étaient potentiellement notre dernier jour ensemble), j'avais droit à la pause thé de 10h00 dans un endroit bucolique, à un pique-nique avec vue et à des anecdotes croustillantes sur ce qu'il avait pu vivre à l'endroit que nous traversions, les années précédentes...  

 

 

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Notre route nous a menés au parc de Shelabathebe, dans la chaîne du Drakensberg (côté Lesotho cette fois)... En chemin, nous avons longé les gorges formées par le fleuve Orange, le plus long d'Afrique du sud (2200km), eu la chance de croiser un groupe de jeunes hommes en tenue traditionnelle, qui partaient s'isoler dans la montagne pour leur rite de passage de la vie d'enfant à la vie d'adulte (fait rare que de les croiser), et avons passé le col de Matebeng au couché du soleil. C'était moins une, car une piste complètement défoncée, où même les 4x4 ont du mal à passer, à 3001m d'altitude (il faut être précis, c'est l'altitude officielle), et qui est le terrain de jeu des passeurs de drogue... Pas très rassurant tout ça... Ce qui nous a mis dedans en terme de timing, c'est le GPS qui était complètement largué... Il ne comprenait pas que l'on fasse du "hors piste"... Vu le nombre de nouvelles routes créées ces derniers temps, Garmin n'a pas eu le temps de faire ses mises à jour !

 

 

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Nous sommes finalement arrivés, sur les coups de 20h00, dans le parc national, où nous avons fait un safari nocturne pour trouver la bonne piste qui nous mènerait à notre hébergement, l'ancienne maison de campagne du Premier Ministre Lesothen. Certainement très luxueuse en son temps, la maison en question a un charme désuet et "old fashion" : lampes à gaz, grandes cheminées, meubles anciens... Ce jour là, nous n'étions pas seuls, car c'était le « Human Right Day », un jour férié en Afrique du sud, et tous les Sud-africains ont l'air de s'être donnés rendez-vous au Lesotho... Un groupe de huit personnes (quatre adultes, quatre enfants originaires de Johannesburg) avait investit les lieux : et quand je dis investi... Les placards, le frigo, tout était plein... Comme à la maison ! Le self catering est très populaire chez les Sud-africains. Ils chargent leur voiture des provisions qu'ils auront besoin pendant la durée de leur vacances, et utilisent les ustensiles mis à leur disposition dans les hébergements. Tout y est, le nécessaire pour le braai aussi, bien évidemment !

Ce n'est que le lendemain, en allant sur le palier de la porte au levé du jour, que je découvre où nous avons atterris... Waaaahooooo, un paysage grandiose de montagnes... Aussi beau, si ce n'est plus que le Drakensberg côté Afrique du sud. On se sent tout petit dans cette immensité...

 

 

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Alors que j'en suis encore à tenter de prendre la photo qui rendrait le paysage aussi beau qu'il ne l'est en réalité, René-Paul, lui, en tant que photographe professionnel et spécialiste de la région, est à la recherche des détails : la naissance de cours d'eaux et l'étude du lit des rivières, les traces d'habitation (ou du moins des traces humaines) dans les formations rocheuses qui dessinent le paysage, les animaux qui sortent de temps à autres de leur planque... Avec lui, pas besoin de guide ou de carte... Il te repère tout de suite le Thabana Ntlenyana (3.482 m) et le Makheka (3.461 m), les deux sommets les plus hauts de la chaîne.

 

 

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Lui pas très rando, et moi, pas très glandouille, nous nous sommes mis d'accord de mettre les voiles et de reprendre la route dans l'après-midi, afin de commencer la longue route qui nous aurait attendu le lendemain. Nous avons ainsi eu plus de temps pour nous arrêter...

La route pour Malealea, ce sont toujours des petits villages avec des maisons en pierres et des pêchers... La particularité dans la région de Qacha's nek, c'est les couleurs utilisées pour peindre le contour de la porte et des fenêtres... Si ma mémoire ne me fait pas défaut, c'est dans ces environs qu'on a essayé de rechercher le faucheur de blé qu'il a photographié précédemment et qu'il a mis dans son livre...

 

 

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Les paysages sont toujours aussi grandioses et dramatiques avec ces dongas, ces immenses crevasses dans le sol, causées par la déforestation (entre 1990 et 2010, le Lesotho a perdu 4.000 hectares de forêt primaire, soit l'équivalent de 150.000 cours de tennis), la sur-cultivation des terres (en partie causée par l'expropriation des meilleures terres cultivables par l'actuel Free State dans les années 1860), et les pluies abondantes (entre 700 mm et 800 mm d'eau par an) qui, chaque année, emporte le sol avec elles. Tu y trouves également, toujours présentes, des traces du passé, telles des empruntes de dinosaures, ou des églises et des missions construites par les missionnaires français...

 

 

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C'est en fin d'après midi, le jour suivant, que nous sommes arrivés à Malealea... À point nommé, pour assister au concert d'un groupe local, jouant avec des instruments très locaux, puisque fabriqués avec des boîtes de conserve. Le Lodge où nous sommes restés est géré par ses amis. L'ambiance y est très relax... Le soir, c'est vin, guitare et chants autours du feu...

 

 

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Un «must do» au Lesotho, c'est une randonnée à poney... Chose faite à Malealea, même si, selon moi, ce n'est certainement pas le meilleur endroit pour faire une randonnée équestre. Le terrain n'est que caillasse, falaises et chemin pentus à descendre, et j'avais mal aux chevilles et aux genoux pour ma monture... mais la cascade à l'arrivée, la cueillette des pêches en chemin et la compagnie, valaient vraiment le coup...

C'est sur le dos de Ritten, un Shepard poney, et en compagnie d'un couple mixte que nous nous sommes rendus à la cascade... Lui est sud-africain noir, originaire de Soweto, le fameux Township de Johannesburg, elle est blanche et originaire d'Angleterre. Ils se sont rencontrés il y a un an et demi grâce à leur travail. Ils bossent tous les deux dans le bâtiment et ont travaillé sur la mise au point du Gautrain, le train de Johannesburg qui ne marche pas tant que ça, du fait de son prix. Il m'a lui même confirmé qu'il aurait mieux valut développer le réseau existant, plutôt que de créer un nouveau système qui a coûté une fortune au contribuable et que personne n'utilise... Mon accent lui était familier, car il à travaillé avec pas mal de français de chez Bombardier... Aujourd'hui, ils ne travaillent plus ensemble, car elle a été mutée, en Irak. Elle alterne quatre semaines de travail et quatre semaines de vacances, ce qui lui permet de rendre visite à son homme... Il me disait qu'en Afrique du sud, les couples mixte ne sont pas encore rentrés dans les mœurs...

J'ai voulu avoir son impression sur la façon dont il avait vécu l'apartheid... Pour lui, ce n'est pas tant les interdictions qui ont été fixées contre les noirs qui l'ont fait souffrir, mais plus l'absence d'opportunités et le manque d'espoir dus à sa couleur de peau. Il me disait qu'on le voit d'abord comme un noir, avant de voir en lui un ingénieur... Selon lui, les blancs ont toujours une certaine rétissance contre les noirs, une peur... Un des événements qui l'a marqué, c'est, le jour où il est entré dans la zone blanche, lors des émeutes de Soweto, et qu'avec ses camarades de classe, il a chanté des chants de liberté. La police l'a foutu dehors comme un malpropre...

 

 

 

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À notre retour, j'ai enchaîné avec une visite du village. La petite centaine d'habitants qui y vit n'a ni eau, ni électricité, et survit grâce au Lodge qui s'y est installé, et qui emploie 25 personnes, et utilise régulièrement les services de guides locaux, leur permettant ainsi d'avoir un revenu.

C'était dimanche, et le dimanche c'est jour de picole... Bien que les autres jours de la semaine, ils picolent aussi ! La vie se passe dehors, la bière locale et artisanale coule à flot. Normal, à 5 malotis (0,50 euros) la pinte, pourquoi s'en priver ? J'ai visité l'usine de production... une hutte, semblable à toutes les autres, si ce n'est l'odeur de fermentation qui s'en dégage... Tous les habitants sont assis à l'extérieur, par terre ou sur un banc, et beaucoup d'entre eux, en particulier les femmes, ont les yeux qui brillent...

 

 

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Et puis il a commencé à pleuvoir... la grosse averse avec des grêlons de 2cm de diamètre. Tout le monde s'est mis à courir, et les allées du village se sont littéralement vidées. Je me suis protégée sous le porche d'une des maisons en attendant que cela passe... Ne pouvant pas vraiment discuter (du fait de la barrière linguistique), nous avons passé notre temps à danser au son de son transistor... Une fois l'averse passée, les "rues" se sont remplies à nouveau, et la vie a repris son cours... Certains ont trouvé le meilleur endroit pour se protéger de la pluie : le club local !

 

 

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Ça y est, mon « voyage de luxe » touche à sa fin... René-Paul doit rentrer à Maseru pour rencontrer les clients qui lui ont acheté des photos lors de son exposition, quand à moi, je vais retrouver mes taxis et taxi rank pour finir ma découverte du Lesotho... Il me laisse à Roma, la route qui mène aux chutes de Semonkong.

J'ai attendu un bus, mais il n'est pas venu, donc j'ai arrêté une voiture... À son bord, un couple mixte : la femme est originaire du Lesotho, mais l'a quitté pour Cape Town il y a plus de 20 ans, sans jamais y avoir remis les pieds ; l'homme est britannique et est arrivé en Afrique du sud il y a six mois. Ils travaillent dans la même boite, lui dans l'ingénierie portuaire et elle au département juridique. Nous allions au même endroit, donc ils m'ont donné un "lift" dans leur Toyota Yaris. Youhououou, une citadine sur une piste défoncée, ça secoue !

 

 

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Ce jour là, le ciel était chargé, très chargé, mais les rayons du soleil qui parvenaient à transpercer les nuages, donnaient une lumière particulière au paysage... À notre arrivée, j'ai fait la connaissance d'un Belge et d'une Hollandaise, IxxxxxxE. Elle vit depuis 7 ans au Zimbabwe, où elle gère une ONG s'occupant d'enfants handicapés. Elle me racontait que la vie au Zimbabwe n'est pas très facile car en plus d'une vie chère (le gouvernement a dû légaliser le dollars américain comme monnaie locale, car suite à une inflation dramatique, le dollars zimbabwéen était trop petit pour contenir tous les zéros de sa valeur...), le gouvernement fait la chasse aux «blancs». Après avoir pris toutes leurs propriétés, ils essaient de les chasser les uns après les autres, et durcissent les lois d'immigration. Son visa de travail étant arrivé à échéance, elle doit maintenant sortir du pays tous les mois pour remettre les compteurs à zéro et jongler avec ses deux passeports (en Hollande, tu as droit à deux passeports si tu vis dans un pays politiquement instable), afin de ne pas attirer l'attention sur la fréquence de ses séjours dans le pays... En attendant de voir ce qu'il se passe après les élections de juillet, elle prend le look touriste pour éviter d'avoir des problèmes avec les locaux qui veulent voir les blancs partir... Vie palpitante n'est-ce pas ?!

Nous avons marché dans la campagne jusqu'à ce que la pluie commence à tomber, puis nous nous sommes réchauffées au coin du feu en sirotant un thé... Un après-midi d'hiver en été ! Avec notre serveur, nous essayions de lui parler en français. Il avait déjà sa liste de mots de base qu'il s'était préparée quand les candidats de Pékin Express avaient passé une de leurs épreuves ici... Aucun d'eux ne parlaient un mot d'anglais, nous a-t-il dit...

 

 

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Et puis ce fut l'heure de l'apéro... Trois Sud-africain originaires de Johannesburg nous ont rejoint... Ils sont tous les trois ingénieurs, ont fait leurs études ensemble, mais se sont spécialisés, chacun, dans un secteur diffèrent... deux dans la mécanique, un dans la robotique. On a bu un premier shot (un cocktail à base de liqueurs de chocolat, d'amarula et de fruits rouges), puis une soupe de lentilles, puis un second shot... et puis après ça, nous avons dansé le «Langarm» ou le « Sokkie», cette danse de salon, très populaire, qui s'assimilerait à notre rock. Il paraîtrait que je la danse très bien ! On a passé une tellement bonne soirée qu'on s'est tous donnés rendez-vous le lendemain pour faire un "Donkey Pub Crawl" (la tournée des bars à dos d'âne). Tout un programme !

 

 

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Le lendemain, j'ai été découvrir ce pourquoi j'étais venue ici... Les chutes de Semonkong, les plus hautes d'Afrique australe (204 mètres de déferlement). Il y a différentes façons de les découvrir : les descendre en rappel, ça, je l'ai skippé, car les consignes de sécurité m'ont fait flipper, la rando à cheval, ça, je lai skippé, car j'avais encore mal aux fesses de l'équitation que j'avais fait deux jours avant, et la marche, la meilleure option quand tu connais le chemin... Ce qui n'était pas vraiment mon cas ! Tous les 500 mètres, je demandais ma route... D'abord aux cavaliers qui traversaient les champs au galop, puis aux écolières du village que j'ai pu croiser... jusqu'à ce que je ne trouve plus personne...

 

 

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Je les ai finalement trouvées, mais pas d'assez prêt à mon goût, donc j'ai contourné la falaise, suivi la rivière, marché à flanc de falaise, traversé la rivière, et n'en voyant pas le bout, ni de chemin clair, je déclaré forfait... Et j'ai bien fait, car en marchant dans la direction opposée, j'ai pu voir les chutes sous leur meilleur angle, et je me suis rendue compte que la rivière que j'avais traversée, est celle qui se déverse 200 mètres plus bas ! Pas besoin de la descente en rappel... J'ai aussi eu ma dose d'adrénaline !

 

 

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À mon retour, notre "Donkey Pub Crawl" avait été annulé. Il pleuvait (comme à peu prêt tous les jours ici), et puis la tournée des bars à 14h00... J'ai donc laissé tombé ma monture, et suis allée sous la pluie, dans le village de Semonkong. La ville compte pas moins de 8.000 habitants, et est situé à 2.275 mètres d'altitude, d'où son climat humide et son nom signifiant "place of Smoke".

La ville, vous prenez la description de Mokhotlong du début de cet article, c'est la même chose... Toutes les villes du Lesotho sont construites sous le même schéma. La seule variante... Le nombre de chinois !

 

 

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C'est en cherchant à remplacer mon parapluie qui n'a pas résisté au voyage, que je suis tombée sur l'un d'eux. Fung est arrivé au Lesotho en 2008. Il est originaire de Shanghai. Questions simples, réponses simples...
- Ça te plait le Lesotho ? Non
- Pourquoi es tu venu ? Business

Ces dix dernières années, suite au rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Lesotho, les chinois ont débarqué en masse, et ont ouvert des magasins dans les petites villes et villages isolés du pays, où personne ne veut travailler... Ils seraient entre 10.000 et 20.000, soit environ 1% de la population. La plupart des locaux ne les aiment pas... Ils seraient responsables de la faillite de nombreux commerçants, en pratiquant des prix 20 à 50 % moins chers. Et puis ils sont accusés d'engranger un maximum d'argent, afin de l'envoyer à leur famille restées au pays...

Pour mon parapluie, Fung m'a conseillé d'aller voir le magasin d'a côté, tenu lui aussi par une chinoise, elle aussi de Shanghai, et pour cause, ils sont frère et sœur... Même questions, même réponses... Le Lesotho ne lui plait pas, elle est là uniquement pour le business... Ils sont contents, car dans un mois, ils repartent en Chine visiter leur famille. Ce qui m'a quand même impressionnée, c'est qu'ils parlaient tous les deux couramment le Sesotho. Ils l'ont appris en écoutant les gens parler, m'ont-ils dit...

 

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Le jour d'après, nous avons, avec IxxxxxxE, pris le bus pour retourner à la "grand ville". Sous la pluie et dans le brouillard, comme d'habitude ! À Maseru, j'ai retrouvé mon Spur et ma connexion internet, CxxxxxE, ma couchsurfeuse française, et la vie nocturne et culturelle de la capitale. Ce soir là, c'était la clôture de la semaine de la francophonie organisée par l'Alliance Française, et pour l'occasion, DJ Labelle, un DJ de l'ile de la Reunion était venu faire son concert. Il faisait la tournée de toutes les Alliances Françaises Sud-africaines, et nous avons fini la soirée au restaurant de l'hôtel de luxe de la ville à parler de nos vies respectives.

 

 

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Ma dernière visite fut Morija. Avec IxxxxxxE, nous avons visité cette ville où, en 1833, les protestants français ont établi leur première mission et les premières «vraies» écoles aussi... C'est grâce à eux que le Lesotho a un taux d'alphabétisation aussi élevé (72 % pour les hommes, 93 % pour les femmes - l'un des plus élevé d'Afrique). Avant leur arrivée dans le pays, les écoles étaient peu nombreuses, et le nombre d'élèves très faible. Les cours dispensés se limitaient à la lecture et l'écriture à un niveau élémentaire, ainsi qu'à un apprentissage professionnel de base pour les garçons, et domestique pour les filles...

Ils commencèrent par l'évangélisation du territoire, offrant ainsi aux locaux un degré d'instruction « occidental » assez élevé, et développèrent l'éducation dans tout le pays. De nombreuses écoles ouvrirent leur portes, au point qu'aujourd'hui, tu découvres le nom du village où tu te trouves, grâce au panneau indiquant le nom de l'école. Aujourd'hui, 87 % des enfants sont scolarisés, et pour continuer sur cette lancée, le gouvernement a supprimé les frais de scolarité favorisant l'accès à l'éducation pour tous...

J'ai eu l'occasion de rencontrer un de leurs descendants, Patrick Rorke, quatrième génération à être installée ici. Il fait partie des rares personnes qui sont restées (il ne reste qu'une demi douzaine de familles, contre 200 au paravant). Il est originaire d'un village à la frontière de la Suisse et parle un français presque parfait. Il est artiste à la Maeder House, l'un des plus anciens bâtiments du Lesotho (il date de 1843), et se bat pour perpétuer la culture traditionnelle Basotho en formant des jeunes artistes à la poterie et à l'art local.  

 

 

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Après près de trois semaines passées au Lesotho, je pense en avoir visité l'essentiel... Je prépare mon paquetage, fait un dernier plein pour me parer à la fermeture des magasins pendant le long week-end de pacques (visiblement, je ne suis pas la seule, les magasins sont blindés), et CxxxxxE me dépose au poste frontière le plus proche de chez elle, Maseru Bridge, construit sur la rivière Caledon, une frontière naturelle avec la province Sud-africaine du Free State...

Sala hantle Lesotho* !  

 

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Leçon N.10 : Ne jamais partir sans son kit de survie, car tu ne sais jamais si tu vas trouver de quoi manger...



* Au revoir Lesotho !    

 

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 22:09

 

 

Quand j'ai quitté LxN, le lundi matin, j'avais en tête de passer ma nuit dans le Drakensberg, la chaîne de montagne la plus haute en Afrique australe (3.482 mètres), mais ça, c'était le matin...

> Après l'attente d'un premier mini bus pour Underberg, au taxi rank de Pietermaritzburg, pendant 1h30...

À bord, j'ai la connaissance de Clementinah, une Basotho (nom donné aux habitants du Lesotho) originaire de Mokhotlong, qui travaille à Maseru, la capitale du pays, et qui fait une fois par mois le trajet pour Durban. Son travail, couturière de robes traditionnelles du Lesotho. Durban est un grand marché pour elle, car il y a beaucoup de femmes Basotho qui s'y sont installées pour s'enrichir, mais qui s'habillent toujours selon leur tradition. Elle a 37 ans, et deux enfants qui sont gardés par sa mère.
Quand nous avons enfin démarré, nous avons traversé les Midlands... Des collines, des champs, des villages, des vaches et ce jour là, du soleil... Deux heures plus tard, nous arrivions à Underberg, notre première destination pour prendre un second mini bus pour le Drakensberg.

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> ... Puis d'un second mini bus pendant pas moins de 2h30...

Et 2h30, c'est long, même si tu es confortablement installé dans le bus en attendant qu'une personne supplémentaire arrive pour être au complet et partir... Autant dire que j'ai eu le temps de prendre des photos des locaux et de déguster mon repas africain... C'est marrant, car Clementinah et sa copine ont préféré le KFC à la cuisine locale. C'est très populaire ici... Le dernier passager arrive enfin... Ils s'est fait désiré... En route pour le Drakensberg... À partir de là, les valons deviennent montagnes, les routes deviennent pistes, et les couleurs... Wahooo... Un bleu intense, du vert pétant... Les paysages sont grandioses... Je comprends pourquoi à la simple évocation du nom Drakensberg (la « montagne du Dragon »), les sud africains s'émerveillent... C'est pour eux, je pense, la plus belle région de leur pays...

 

 

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> ... Mes plans du matin ont légèrement changé...

C'est dans les environs que je devais m'arrêter pour passer quelques jours à crapahuter dans la montagne, mais après avoir discuté avec Clementinah, et considérant la difficulté et la fréquence des bus en direction de Sani pass, la porte d'entrée du Lesotho, j'ai préféré suivre celle qui connaissait la route... Le Drakensberg, c'est 1.000 km de montagnes, d'escarpements et de gorges, allant de l'Afrique du Sud au Swaziland, en passant par le Lesotho... Autant dire que je vais la voir cette montagne du dragon !

Dans le bus, Clementinah me donne des instructions : "tu te dépêches et tu me suis"... Nous arrivons à Mkhomazi, la fin de la route asphaltée et le début de la piste. C'est là où il faut se dépêcher de s'enregistrer afin de monter à bord du prochain mini bus, celui qui passe la frontière... Les places sont comptées... S'il est complet, il faut attendre le prochain, et c'est encore plusieurs heures d'attente en perspective... Je suis la deuxième sur la liste, mais comme j'ai décidé de passer la nuit au "Sany Pass Lodge", le Lodge en haut de la montagne, le pub le plus haut d'Afrique, celui juste après la frontière, le chauffeur veut donner ma place à un passager qui va jusqu'au terminus, afin de faire son chiffre d'affaires maximum... Mais Véronique a passé sa journée à attendre et elle en a marre ! Elle ne va pas se laisser faire, et elle va même faire de la résistance !

 

 

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On décolle enfin... Et je suis à bord ! direction le Lesotho... La route, c'est 30 km de piste en zig zag, avec des creux, des bosses, des pierres, de la bouillasse, des cascades qui coupent la "chaussée", puis le poste frontière d'Afrique du sud. Nous sommes une quinzaine dans le bus. Les douaniers collectent le passeport de tous les passagers, sauf le mien. Je dois les suivre, juste pour discuter et passer le temps. Le passeport des locaux, ils les leur rendent en faisant l'appel. L'ambiance est très relax... Les douaniers rigolent avec eux en prononçant leur nom, et chacun doit se présenter avec les bagages qu'ils transportent... en théorie, car beaucoup de sacs sont restés dans le bus... Ça sent la contrebande tout ça... Mais RAS... On peut repartir...

 

 

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Encore quelques kilomètres de piste avant d'arriver côté Lesotho (le Drakensberg matérialise la frontière entre le Lesotho et l'Afrique du sud). On grimpe, on grimpe... On grimpe tellement qu'on a la tête dans les nuages. Le Sani pass, c'est un col à 2865 m d'altitude, en haut duquel tu as un des quatorze postes frontière te permettant de rentrer dans le "Royaume des montagnes". C'est ainsi qu'est surnommé le Lesotho, car c'est le plus haut pays au monde (tout son territoire est situé au-dessus de 1 300 m d'altitude, un quart du pays est considéré comme "lowland", entre 1 500 et 1 600 m d'altitude, les trois autres quarts étant constituant les "highlands", avec un point culminant à 3 482 m, le Thabana-Ntlenyana dans la chaîne des Maluti).

 

 

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Là encore, je reçoit un traitement VIP... Les douaniers me font rentrer la première, les autres attendent dehors, dans le brouillard et le froid... À l'intérieur, une cheminée... Normal, en hiver les températures peuvent être négatives (au moment où je vous parle, il fait environ 10-15 degrés, et je vous rappelle juste qu'on est en été ici...). L'ambiance est surréaliste... Tous les locaux portent des couvertures en guise de manteau. On arrive à peine à les discerner tant le brouillard est épais...

Ma première soirée au Lesotho, c'est en dégustant une soupe au coin du feu, avec un serveur du restaurant qui avait fini sa journée, que je l'ai passée. Il a 25 ans et vit avec son petit frère qu'il a dû élever, car il a perdu ses deux parents... Après le travail, la plupart du temps, il va jouer au billard dans le bar du village, mais ce jour là, il était fermé, car il n'y avait personne... Pas étonnant avec une vingtaine d'habitants dans le village... Et puis à 22h00, on n'a pas eu d'autre choix que d'aller se coucher, car c'est extinction des feux !

 

 

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Le lendemain, j'ai exploré ce que le Lesotho a à offrir... Je n'ai pas eu à aller bien loin, car en ouvrant ma fenêtre, j'ai découvert, dans la lumière du soleil levant, ces grandes étendues à couper le souffle, à des années lumières de ce que j'avais vu la veille dans le brouillard... Le meilleur endroit pour prendre mon petit déjeuner à vrai dire... mais avec mon bonnet sur la tête... Des champs de fleurs jaune, des troupeaux de moutons, quelques ânes solitaires et quelques huttes en pierre disséminées de ci de là. J'ai rendu visite à ma voisine... Ils vivent à quatre dans sa hutte en pierre. Il y fait bon vivre avec son poêle au gaz en plein milieu du "salon"... Puis j'ai continué jusqu'à la falaise d'où tu peux observer la route prise la veille. Rien que la regarder te donne le tournis...

 

 

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Et puis il m'a fallu continuer ma route à l'intérieur du Lesotho... Le problème est que les seuls véhicules qui passent par le Sani pass, sont ceux des agences de voyage qui transportent les touristes d'Afrique du sud jusqu'au "pub le plus haut d'Afrique", et qui, après avoir pris leur photo devant la pancarte, redescendent côté sud africain. Quant au bus que j'ai pris la veille, il arrive plein au poste frontière, et en repars plein également... J'ai attendu quatre heures avant de trouver une place dans un mini bus, le dernier de la journée... J'ai donc eu largement le temps d'étudier le climat... Une alternance de soleil, brouillard, nuage, pluie, re-soleil et on recommence...

 

 

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Le voyage me menant à la prochaine ville, Mokhotlong, a duré deux heures... deux heures de piste défoncée, tellement défoncée que tous les véhicules qui empruntent ce tronçon, mini bus taxi compris, doivent être équipés de quatre roues motrices, deux heures de musique africaine et d'odeur de sueur... Vue l'heure tardive, nous avons assisté au couché de soleil du haut des montagnes, et sommes arrivés de nuit...

 

 

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Ce que j'ai pu apercevoir de Mokhotlong depuis la fenêtre de mon mini bus et à la lumière des phares, c'est de la poussière et de nombreux bus et camions arrêtés. On se serait cru dans un énorme chantier, un terrain vague... Et l'endroit où j'ai atterrit pour y passer la nuit ne m'a pas laissé penser une minute que Mokhotlong pouvait être classé dans le top 10 des villages les plus charmants au monde... Le Mokhotlong farmer's training center... accueillie par un garde armé d'un fusil ! C'est un centre de formation pour les paysans du coin, qui leur apprend à être de bons fermiers... Car l'agriculture emploie 57 % de la main d'œuvre au Lesotho... Ce n'est pas tant que ça quand on compare ce chiffre à celui d'autres pays en voie de développement, mais cela s'explique par la quantité des terres non cultivables du fait des montagnes.

 

 

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Mokhotlong est la première ville que l'on croise quand on arrive d'Afrique du sud. C'est aussi là où se termine la route asphaltée qui relie la ville à Maseru, située à 270km de là. Malgrés son isolement, Mokhotlong est la plus grosse ville des environs (presque 10.000 habitants), et elle sert de centre d'échanges des habitants vivant dans les régions montagneuses. De ce fait, on y trouve une sorte de marché en plein air sur ce qu'on pourrait appeler "la place du village", avec, tout autour et sur le bord de chacune des rues, des cabanons en tôle ondulée, servant de boutiques. Et, comme quand il y a du business à faire, il y a des chinois, trois bâtiments en béton, des sortes d'épiceries vendant l'essentiel, dont deux gérées par des chinois (qui gèrent également la seule station service de la ville et le magasin d'électronique - du moins le docteur des vieux ordinateurs).

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À Mokhotlong, je n'y suis pas restée bien longtemps, vous imaginez bien... Un jogging, un petit tour de la "ville commerciale" (il faut toujours faire le plein quand on en a l'occasion, car on ne sait jamais si l'on va trouver de quoi se ravitailler dans la ville d'après), et hop... un mini bus taxi pour ma prochaine destination : Oxbow... (Mais ça, c'était le matin !). Je m'installe dans mon taxi tout cassé. On doit attendre que les passagers arrivent pour décoller... J'en fait le contrôle technique pour passer le temps... Pas de poignée pour ouvrir la fenêtre, fauteuil défoncé, porte impossible à ouvrir, rétroviseur central dans la boite à gant, seul l'ampli est en parfait état de marche... Tout est normal... RAS ! Nous partons enfin... La route ? Des montagnes, des montagnes et encore des montagnes, avec quelques huttes en pierres...

 

 

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Nous nous arrêtons à Mapholaneng (9.000 habitants), car bien qu'une seule route relie Mokhotlong à Oxbow, il n'y a pas de bus direct qui t'y amène. Ça sent la pause déjeuner tout ça... Après avoir fait toutes les guérites de la seule et unique rue du village (la route qui la traverse, l'A1), c'est le traditionnel poulet en sauce / pap / chou ou épinards ultra salés, qui l'emporte. Visiblement, nous ne sommes pas prêts de repartir... Je vais donc à la rencontre des enfants qui sortent de l'école. Ils récitent la leçon d'anglais du jour : "yes of course ! Why not ?". Le taxi part sans moi, mais le chauffeur est sympa, il me récupère au passage...

 

 

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La route que nous empruntons maintenant est appelée "le toit de l'Afrique". C'est une piste qui passe des cols à 3251m. Le paysage est d'un gris anthracite et d'un vert foncé, tout est sombre, quand on arrive à voir la route, car la plupart du temps, on est pris dans des chapes de brouillard. Il fait froid, humide, mon chauffeur est frigorifié... je lui prête mon écharpe pour couvrir ses jambes... Puis on passe la mine de diamants. C'est la plus haute au monde, et la septième plus grosse aussi. Elle traite 5 millions de tonnes par an et produit prêt de 100.000 carats chaque année. Puis la route descend, et remonte... Nous arrivons à Oxbow, la fin théorique de mon voyage... théorique seulement, car aux vues de ce qui s'y trouve (une station de ski avec des remontées mécaniques à l'arrêt), je préfère poursuivre ma route et m'arrêter dans un endroit un peu plus animé...

 

 

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L'endroit animé en question, ce sont les grottes de Liphofung, à une quinzaine de kilomètres de là. La route serpente dans la vallée, les couleurs deviennent plus vives, le ciel plus bleu, et les terres plus peuplées... On s'arrête à un virage, et des dizaines de femmes se précipitent sur notre mini bus, leur seau de pêches à la main... Tout le monde à bord fait le plein... Ce sera au moins offrant... 5 lotis le seau... Encore quelques kilomètres avant d'arriver à mon Lodge... Mon taxi me dépose à l'entrée (après avoir négocié longuement avec lui et les autres passagers). J'arrive dans un complexe hôtelier composé de grandes rondavelles, toutes plus vides les une que les autres... Un garde arrive. Il est surpris, il n'attendait personne ce soir là, ni le soir d'après d'ailleurs ! J'ai les sanitaires, la cuisine, et tout le "village" pour moi toute seule... Je vais en effet apprendre, au fil de mon voyage au Lesotho, que de nombreux complexes touristiques fraîchement construit n'ouvrent jamais leurs portes aux touristes ou sont peu exploités...

Liphofung, je m'y suis rendu pour ses grottes contenant des peintures rupestres datant de l'époque des San, ces populations nomades vivant dans toute l'Afrique australe, il y a plus de 30.000 ans. Leurs peintures représentent des scènes de chasse et de fêtes. Heureusement que ma guide m'a mis le nez dessus, car vu leur taille et leur position, je ne les aurais jamais repérées... Visite express... Elle a durée en tout et pour tout dix minutes ! Puis, je suis repartie sur la route principale, escortée de Joseph, un des gardes de mon Lodge, pour attraper un bus pour la plus grosse ville d'à côté, Butha Buthe. Joseph est originaire de Maseru et travaille dans l'armée. Il est arrivé il y a à peine une semaine dans ce micro village, suite à une demande de mutation. Ça a l'air de lui plaire, par contre, sa femme, toujours à Maseru, n'est pas chaude à l'idée de quitter la ville pour la campagne... Nous n'avons pas vraiment eu le temps de discuter davantage, car mon taxi arrivait...

 

 

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Butha Buthe est situé dans les "lowlands", et la route qui la rejoint traverse de gigantesques étendues jaunes, avec des mini montagnes faites d'amoncellements de roches. C'est d'ailleurs d'une de ces montagnes que la ville tire son nom, montagne qui a été utilisée comme forteresse par le roi Moshoeshoe Ier, pendant sa guerre avec le roi zoulou Shaka (entre 1821 et 1823). Butha Buthe est aujourd'hui la seconde ville du Lesotho (avec environ 10.000 habitants), mais elle n'a pas pour autant, de commerces dignes de ce nom. Je m'y suis arrêtée en espérant y faire le plein de fruits, en vue de mon isolation imitante, mais le seul vrai supermarché de la ville, le «Pricerite», a ses étals vides... Le dirigeant du supermarché, un Indien de Durban qui a fuit l'Afrique du sud pendant la période de l'apartheid, me disait qu'il n'avait pas obtenu les autorisations pour importer les fruits d'Afrique du sud. Du coup, ses rayons sont identiques à ceux d'un magasin en période de rationnement ! On parle quand même de «Pricerite», une enseigne du groupe «Shoprite», l'une des plus grande chaîne de supermarchés d'Afrique du sud : 7,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 1500 magasins dans 16 pays, employant 95.000 personnes. Lui-même qui a racheté les magasins « Champion» situés à Madagascar.  

 

 

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Après un petit tour de ville, sans grand intérêt je dois dire, j'ai vite mangé mon très populaire poulet / pap / légumes verts hyper salés dans un coin du taxi rank, le même plat que la veille (car le seul disponible), et ai sauté dans un mini bus taxi pour le parc national de Ts'ehlanyane. J'avais la place idéale, le fauteuil de devant avec une fenêtre qui s'ouvre... Je pouvais prendre des photos du paysage qui défilait sous mes yeux... toujours des champs de blé jaune et des petites montagnes de pierres... Mais ça n'a pas duré, car nous avons crevés en cours de route, et j'ai dû changer de bus pour un bus sans fenêtre, et avec la tête qui touche le plafond. Après 20 minutes de route, j'ai dû à nouveau changer de carrosse, car nous n'étions pas assez nombreux à nous rendre au terminus de la route. À son bord, une personne avec de l'herbe dans le nez (c'est le remède pour soigner les migraines dans la médecine traditionnelle) - le jardinier au Lodge du parc, et le chef et le barman...
Le reste de ma journée, je l'ai passé à siroter mon thé en observant les collines que j'allais grimper le jour d'après...

 

 

 

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C'est Tsõkolo qui m'a servit de guide le lendemain... Pendant cinq heures, nous avons grimpé puis descendu les collines qui forment la chaîne Maluti. Les débuts ont été difficile, car Tsõkolo ne parle pas vraiment anglais, et moi, pas vraiment Sesotho... Et puis à un moment, il s'est arrêté et m'a dit quelque chose que je n'ai pas compris. Puis il m'a dit «stop», il s'est retourné, et s'est soulagé... C'est à partir de ce moment là que la glace à été rompue. Je lui ai appris quelques basiques en anglais, comme «I want to pee», et nous avons essayé de lui faire pratiquer son anglais. Ce que j'ai compris de sa vie ? Il a 33 ans, il a un frère, il n'est pas marié, et il ne parle pas anglais car il n'a pas pu vraiment aller à l'école, car ses parents se sont fait tués à Johannesburg alors qu'ils allaient faire du shopping à la grande ville. Il avait alors trois ans, et c'est son oncle qui l'a élevé.
On a beaucoup grimpé, beaucoup descendu et beaucoup ri aussi... J'étais cassée, lui non..., car il fait ça tous les jours...

 

 

 

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Mon étape suivante, Maseru, la capitale... Mais il faut d'abord passer par Hamali Basotho, puis Butha Buthe, puis Leribe, puis Maputsoe... bref, j'suis pas arrivée ! En même temps, Hamali Basotho, c'est moi qui l'ai voulu... C'est un petit village d'une centaine d'habitants, au beau milieu de nulle part, qui m'a été conseillé par une dame rencontrée la veille au bar du Lodge. Son job consiste à promouvoir les hôtels et ressorts du pays, à coup de campagnes publicitaires. Elle passe ses journées à voyager dans le pays... Du coup, les endroits sympas, elle les connait !

Je suis donc descendue de mon mini bus dans ce petit village, avec tout mon bardât que j'ai laissé sur le bord de la route, le temps de ma découverte de la vie locale. Mon chauffeur, très dubitatif, m'a demandé à deux reprises si j'étais sûre que de vouloir descendre ici... La première personne que j'ai rencontrée, c'est une petite fille qui était sortie pour remplir un bidon d'essence pour sa mère. Elle m'a accompagnée chez elle, m'a présentée à sa mère qui m'a invitée à rentrer chez elle, une rondavelle en terre. Une grande salle ronde et sombre, un lit où est couché un enfant d'une dizaine d'années et un nouveau né de cinq jours... Elle est mère de cinq enfants. Ils vivent tous ici... De l'autre côté de la pièce, un coin cuisine. La salle de bain, c'est au saut et les toilettes, c'est dans le jardin...

 

 

 

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Je passe à la maison suivante, et je vois des ânes, mes animaux de ferme favoris... Si un jour j'ai une ferme, le premier venu sera un âne... On se comprend bien... Je suis tête de mule de temps à autres... Je n'est pas trop parlé avec les propriétaires, car je n'aimais pas leur façon de traiter mes amis bourriquets...

 

 

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Dans la maison d'après, la dame était en train de préparer des pêches séchées. Ici, il n'y a pas beaucoup de fruits, mais les pêches poussent en abondance. Cela remonte aux temps des missionnaires français (de la «Paris Evangelical Society»), au XIXeme siècle, quand ils sont arrivés avec leurs wagons remplis d'outils de "jardinage". Vue la pénurie d'arbres et de forêts, ils ont voulu developer la production d'arbres fruitiers et d'arbres à "chauffage" - le climat du Lesotho étant extrême... En 1876, alors que le peuple Basotho était sous protectorat britannique, le gouverneur Charles Duncan Griffith, qui prônait la reforestation du pays, organisa un concours qui récompenserait celui qui planterait et s'occuperait du plus grand nombre d'arbres. Le résultat ? Aujourd'hui, chaque maison ou presque a au moins un pêcher dans son jardin, et le gouvernement instaura une politique forestière. Certes il y a du boulot (le Lesotho est le pays d'Afrique ayant le moins de forêt - 1,4 % de son territoire seulement), mais le gouvernement s'est fixé des objectifs : atteindre les 5 % d'ici à 2020, en plantant 1.500.000 d'arbres par an.

Pour en revenir à ma dame qui fait ses pêches séchées... Sa recette, elle les épluche, les coupes en lamelles circulaires de cinq à dix centimètres de long, les met dans une sorte de poêlon situé dans son jardin, puis les étale à plat sur des sacs à pommes de terre ou les suspend sur une corde à linge pour finir de bien les sécher... J'ai acheté tout son stock pour 10 lotis (10 rands / 1 euro). Je pense que ma mère se fera un plaisir de les manger quand elle les recevra dans le prochain colis pour la France... Si je ne les fini pas avant !

 

 

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En revenant sur la rue principale, j'ai fais la connaissance de quatre femmes, 23, 35, 39 et 42 ans, les trois plus âgées sont veuves, leur maris étant morts de la tuberculose. On a comparé nos bourrelets, et elles ont fait un défilé de mode avec mes fringues, car en voyant mon sac sur le bord de la route, elles se sont demandée ce qu'elles feraient avec ce qu'il y avait à l'intérieur. Pas leur style, leur ai-je dis... si si, visiblement, elles auraient bien porté mon pull, puis mon pantalon, puis mes tennis, puis mon écharpe... Avec elles, je m'appelais "Mošwêu" (touriste/blanc en Sesotho). Elle m'ont quand même demandé si cela me dérangeait pas qu'on m'appelle comme ça, car contrairement à l'Afrique du sud, au Lesotho, où l'apartheid n'a pas eu lieu, parler des différentes couleurs de peau est presque tabou.

La dernière maison dans laquelle je suis rentrée, c'est une fillette qui m'en a fait la visite guidée... Comme toutes les maisons du coin, elle a des pêchers dans son jardin... Elle, avec les pêches qu'elle récolte, elle en fait de la compote qu'elle vend aux visiteurs, quand elle ne les mange pas...

 

 

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Un mini bus passe... Je crois que ma visite du village touche à sa fin... Je récupère mon sac, grimpe dans mon bolide, et fait route direction Maseru, la capitale... Ce que j'ai vu des quelques 200km parcourus ? Pas grand chose... Dans mon premier mini bus, je n'ai pas réussi à ouvrir la fenêtre, car je n'ai pas trouvé la poignée ou une clé à molette, habituellement planquée dans la boîte à gants ; dans mon second taxi, juste le taxi rank de Leribe avec des guérites en tôle ondulée, servant soit de magasin, soit de restaurant, et les vendeurs de maïs cuits au bbq... (À éviter ! Je les imaginais tendre, comme ceux vendus à la période des fêtes à Paris, mais ceux là sont cuits jusqu'à ce qu'ils deviennent secs et totalement indigeste). Quant au dernier taxi, ce sont les têtes des fauteuils devant moi que j'ai eu tout le loisir d'admirer, car j'étais la dernière passagère à monter dans le bus, donc j'ai eu le moins confortable des fauteuils...

 

 

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Après mes cinq heures de route (alors que seulement deux sont nécessaires quand tu voyages en voiture), c'est dans un couvent avec une bible disposée sur mon lit que j'ai fini ma journée... Avant d'arriver à Maseru, j'étais en contact avec une couchsurfeuse française qui vit là-bas, mais je n'ai plus reçu de signes de vie depuis que je lui avais confirmé la date de mon arrivée. Elle a dû changer d'avis... J'ai donc cherché une guesthouse, et ai négocié avec le chauffeur qu'il m'y dépose... On a cherché, tournicoté dans les rues de la ville, mais «Maseru backpackers» n'a plus l'air d'exister... J'avais un plan B... mais mon chauffeur, qui a déjà passé une bonne demi heure à m'aider, m'a déposé au poste de police, et c'est un des gendarmes, dans sa voiture de fonction, qui m'y a déposé : l'Anglican Training Center. Il dépend du diocèse du Lesotho, et fourni, entre autre, un hébergement aux gens de passage... J'étais bien contente que la police n'ait rien d'autre à faire que d'aider les touristes !


Une fois installée dans mon "hôtel de charme", j'en suis repartie pour faire un petit tour de la ville, et on peut dire que cela a été vite fait, car hormis l'ancienne poste et deux-trois églises, tu n'as pas vraiment de bâtiments historiques. Maseru a été fondée par les anglais en 1869, quand le pays est devenu protectorat britannique, et déclarée capitale administrative. En 1881, la Basuto Gun War explose, et de nombreux bâtiments sont brulés, les Basothos ne supportant pas la façon dont les anglais traitent leur pays. Ce n'est qu'à partir de 1966, date de l'indépendance, que la ville connait un véritable essor : sa surface est multipliée par sept, et sa population crois à un rythme de 7 % par an. En 1998, beaucoup de ses bâtiments sont à nouveau détruits et pillés, suite à des soupçons de fraude lors d'une élection parlementaire. Aujourd'hui, Maseru compte 254.000 habitants, soit un dixième de la population du pays. 

 

 

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Mon objectif, ce jour là, était de trouver un café ou un restaurant ayant une connexion internet... J'ai fait les six restaurants du centre ville, et sur les conseils des habitants que j'ai interrogé, c'est au Pioneer Mall, un centre commercial crée en 2009, que j'ai trouvé mon bonheur. Retour à la civilisation ! Des magasins dignes de ce nom, un grand supermarché avec un peu plus de choix que des bananes trop mûres et des pommes fripées, et aussi, des restaurants qui offrent autre chose que le sempiternel poulet / pap / légumes verts trop salés... Comme son nom peut le laisser penser, c'est le premier centre commercial du pays. Il a coûté prêt de 300.000 dollars, emploie plus de 2.000 personnes, et surtout, rend service à de nombreux Masérois qui ne traversent plus la frontière pour aller faire leurs courses en Afrique du sud... Une révolution pour ce petit pays...

Moi, c'est au Spur que je me suis arrêtée... C'est une chaine de steak house sud-africaine créée à la fin des années 1960, et qui compte plus de 250 restaurants. Cela ne pouvait que marcher, quand on connait le régime alimentaire des sud-africains (viande, viande et viande !). Le patron, un blanc né au Zimbabwe, mais ayant vécu la plupart de sa vie en Afrique du sud. Cela fait deux ans qu'il vit au Lesotho... Un concours de circonstance, puisqu'on lui a demandé de se présenter à un entretien pour un poste de manageur, et comme ils avaient besoin de quelqu'un immédiatement, il n'a pas eu à réfléchir bien longtemps... La vie ici ? Calme, très calme... Le vrai rythme africain ! Son équipe, tous des jeunes fraîchement sortis de l'école. Toutes les heures, ils mettent la musique à fond et dansent entre les tables le temps d'une chanson. C'est l'ambiance Spur ! Je le sais, car j'y ai passé des heures... Le Spur Maseru, c'est devenu mon QG... Tous les jours, en fin de journée, et même certains jours, toute la journée, je venais ici pour surfer sur le net... À la fin de mon séjour à Maseru, le menu, je le connaissais par cœur. Je sais que la salade poulet, lardon et avocat y est délicieuse, la pièce de bœuf, pas mal, mais un peu sèche, que le brownie a un gout de "trop peu" et le burger, tu as intérêt à le demander bleu, si tu ne veux pas que l'on te serve de la semelle !

 

 

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Après une semaine sans internet, le premier soir, j'ai fait la clôture... À 23h00, les employés on appelé un taxi afin qu'il me dépose à ma chambre de none où je pensais y passer une fin de soirée au calme... Erreur... Ce samedi soir, des étudiants de l'Anglican Student Federation, s'étaient retrouvés, comme tous les mois, pour passer la soirée ensemble et chanter du gospel que je pouvais entendre depuis ma chambre. J'y ai jeté un coup d'œil et ai fini ma soirée à chanter et à danser avec eux. À trois heures du mat' ils y étaient encore !

Ça, c'était le samedi soir, mais le dimanche, j'ai eu droit à un second round ! Quand je suis rentrée de mon tour de la ville en jogging (et quand je dis "tour de la ville", c'est au sens propre comme au figuré, car j'ai en effet couru sur le périphérique, et en une heure, c'était torché... À un rythme de 10-12km/heure, ça vous laisse imaginer la taille de la capitale !), j'ai eu droit a un nouveau concert de gospel... non pas mes étudiants, mais la messe... Et oui, la messe du dimanche matin ! Et puis le même jour, en fin de journée, mon troisième concert de gospel m'a été donné par une délégation de 110 instituteurs des villages environnants qui sont venus passer la nuit avec moi. C'est bien la première fois que mon hôtel n'était pas vide !

 

 

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Après deux jours de glandouille, j'ai repris mes visites culturelles... Direction Thaba Bosiu ("la montagne de la nuit" en Sesotho), le cœur historique du pays. De prime abord, c'est une montagne avec des tas de pierres au dessus, mais quand tu creuses un peu plus, c'est là où est enterré Moshoeshoe I, le roi fondateur du pays, c'est là où il s'est retranché pour créer son royaume, et c'est là où 20.000 de ses "disciples" l'ont suivi pour repousser l'ennemi...

Voici le résumé de 300 ans d'histoire du Lesotho :

C'est au XVIeme siècle que les Basotho, une ethnie originaire d'Afrique centrale, arrivent dans la région (ce qui est aujourd'hui le Lesotho et le Free State), alors peuplé de quelques autres tribus. Moshoeshoe (1786-1870), le fils d'un chef de clan, forme des alliances avec les clans voisins et devient chef de sa propre tribu. Ils vivent paisiblement sur leurs terres des "lowlands" qu'ils cultivent, jusqu'à ce que dans les années 1820, des raids zoulou, menés par le dictateur Shaka, les contraignent à s'installer dans des terres plus difficile d'accès, le plateau de Qiloane (rebaptisé ultérieurement Thaba Bosiu).

Dans les années 1830, des missionnaires français de la "Paris Evangelical Missionary Society" (PEMS) sont accueillit comme citoyens de son royaume. Thomas Arbousset, Eugène Casalis et Constant Gosselin, n'appartiennent à aucun groupes de colons blancs d'Afrique australe, et aident la vie de la communauté, en y introduisant les pommes de terre, le blé, les arbres fruitiers, les animaux domestiques, et les écoles... L'un d'eux devient Ministre des affaires étrangères, car leurs connaissances du monde extérieur s'avèrent des qualités indispensables pendant cette période où les collons blancs commencent à menacer le royaume...

En effet, dans les années 1840, les Boers, ces colons d'origine néerlandaise d'Afrique du Sud, attaquent le royaume, en vue de s'approprier leurs terres. Après trois attaques successives (1858-1864-1867), Moshoeshoe perd une partie de son territoire (l'actuel Free State), mais sa forteresse, située à près de 120 mètres au dessus des régions environnantes, demeure imprenable. Pour éviter d'autres assauts, Moshoeshoe demande aux Britanniques d'être placer sous leur protectorat. Sachant son royaume protégé, il meurt en paix en 1870. C'est son fils, Letsie Ier, qui reprend la relève, et qui conduit son pays à l'indépendance, qu'il obtient en 1966, suite à la création de l'Union sud-africaine en 1910 puis de la République d'Afrique du Sud en 1961.

 

 

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Pour me rendre sur cette fameuse "montagne de la nuit", ça a été épique encore... Déjà, tu dois te familiariser avec le taxi rank de la ville, car selon ta destination, tu as trois ou quatre emplacements différents. Ils se ressemblent tous... Des sortes de containers qui servent de magasin ou plus simplement des tentes dressées où l'on y fait cuire des cuisses de poulet au bbq ou où l'on y joue au billard, des vendeurs de bonnets ou chaussons tricotés aux couleur de la Jamaïque, des mini bus en pagaille bien évidement, et des vendeurs ambulants qui te proposent des CD, des minutes de télécommunication pour ton portable, des couvertures de passeport, des peignes, des couteaux ou du PQ. Tout se vend à travers une fenêtre de bus... C'est comme ça que j'ai acheté une nouvelle bouilloire de voyage... Reste maintenant à savoir si elle marche !

 

 

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Puis, après être partis, nous sommes tombés en panne sur le chemin... Au final, nous avons mis trois heures au lieu de 45 minutes... Et puis tu as ce gars, à l'entrée, à qui tu achètes ton ticket... Un guide est sensé te faire la visite, mais il est soit-disant déjà là haut... En fait, c'est juste qu'il a la flemme de grimper la colline une fois de plus... En insistant un peu, j'ai fini par l'obtenir ma visite guidée !
Et heureusement, car sans explications, ce ne sont que des tas de pierres que j'aurai vu... Le premier, c'est un vrai tas de pierres qui ont été déposées par chacun des visiteurs du roi, pour symboliser le fait qu'ils venaient en paix. Le second tas de pierres, c'est une maison en ruine, puis le suivant est là pour symboliser le parlement, puis encore quelques autres... la tombe des habitants qui y vivaient, celle de Moshoeshoe Ier et celle de son fils, un peu plus sophistiquée.

Hormis ces tas de pierres, tu as cette magnifique vue sur toute la région, des grandes étendues d'herbes hautes à perte de vue, et surtout la montagne Quiloane, dont la forme a inspiré le Mokorotlo, le chapeau traditionnel Basotho. Il est en paille, conique, et a une boucle à son extrémité. C'est un des symboles du pays, non seulement car il est porté par de nombreux paysans pour se protéger du soleil, mais surtout parce qu'il est associé à Moshoeshoe, fondateur du pays et de l'unité nationale. Il est tellement symbolique qu'il est même représenté sur le drapeau du pays...

Et puis avec mon guide, ça a été l'occasion de discuter du roi actuel, Letsie III, la 7eme génération après le roi fondateur. Il a 50 ans, il a pris le pouvoir en 1996 après la mort de son père, et a déjà son successeur désigné, son fils (le prince David Lerotholi Mohato Bereng Seeiso, né en 2007). Ses deux filles aînées, elles comptent pour du beurre, car les filles ne peuvent pas gérer un pays... C'est bien connu !
Avoir un garçon est essentiel, m'a dit mon guide... Il a 52 ans, deux filles, un fils et deux petit enfants. Un fils est indispensable pour pouvoir transmettre ton patrimoine, car c'est le seul à pouvoir récupérer les biens de la famille. Les filles, elles n'ont droit à rien, car quand elles se marient, elles suivent leur conjoint et vont s'installer dans leur nouvelle famille. J'ai voulut savoir ce qui se passait si la fille ne se mariait pas ou si elle divorçait... Ou là là... Problème !

 

 

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Après un pique-nique panoramique, je suis redescendue de ma montagne et ai commencé à rentrer à pied car je ne voulais pas attendre le bus... J'ai tout de suite été rejointe par des enfants qui sortait de l'école. J'ai marché une dizaine de kilomètres avant qu'un bus n'arrive. Les enfant aussi... Certains habitent à 7-10km de leur école et font le trajet tous les jours, deux fois par jour, à pied. J'ai regardé leurs chaussures en espérant, qu'au moins, elles soient confortables... Vu leur état, j'ai quelques doutes...

Puis à mon retour en ville, je suis passée par l'Alliance Française, car il y en a une, et aussi parce que ce jour là, c'était le vernissage d'une exposition photos sur le peuple Basotho... J'ai été accueillie par CxxxxxE, la directrice de l'Alliance Française qui m'a tout de suite reconnue. Et pour cause, c'est la couchsurfeuse que j'avais contactée et dont je n'avais plus eu de nouvelles... Mes SMS ne lui sont jamais parvenu, tout simplement car MTN, mon opérateur Telecom, ne te prévient pas quand tu n'as plus de crédit...

Elle s'est installée au Lesotho il y a six mois, après avoir passé deux ans à l'Alliance Française d'Ibadan au Nigeria. Elle fait partie des 20 français qui vivent au Lesotho... Sur 2 millions de Lesothans... J'ai également fait la connaissance de ses collègues et élèves. L'un d'entre eux étudie le droit et parle un français parfait. Il veux s'installer en France. Une autre est professeur de français Lesotho College Of Education. Elle a appris la langue de Molière à l'école et dans le sud de la France quand elle y a passé six mois. La dernière est malgache (donc francophone), et elle a atterri à Maseru car elle a suivi son mari qui est militaire. Tous veulent que je m'installe au Lesotho pour qu'il y ait 21 français !

 

 

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Ce soir là, j'étais quand même là pour l'exposition... De magnifiques photos... Le photographe en question : René-Paul Gosselin.
   
J'ai eu l'occasion de discuter avec lui... Il est né à Jersey, d'une mère française et d'un père de britannique. Il a travaillé toute sa vie dans le commerce international pour les cristalleries d'Arcques, sur la zone Afrique anglophone, jusqu'au jour où il a décidé qu'il en avait fait le tour et qu'il se consacre à sa passion, la photographie. Il s'est installé à Johannesburg, et tient également une galerie à Fouriesburg, sur la route du Lesotho, pays qui le fascine... Au fil de la conversation, nous en sommes venus à discuter de nos projets pour les jours suivants. Il s'avère qu'on avait à peu de chose prêt les mêmes... Le rendez vous fut pris... Le surlendemain, nous partons découvrir le pays !

 

 

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La journée d'avant notre départ, je l'ai passée à Kome, un village troglodyte caché de la vue de tous, du moins au XIXeme siècle, car aujourd'hui, les lieux sont investis par les touristes le week-end... Ce village a été construit au début des années 1800, par un chef Teleka qui cherchait à se protéger des cannibales qui rodaient dans la région pour trouver de quoi se sustenter pendant la famine qui sévissait à l'époque.

 

 

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En effet, il était bien caché, et j'ai eu de la chance de rencontrer une femme qui s'y rendait... Je l'ai rencontré au taxi rank de Teya Teyaneng, alors que nous attendions que le bus se remplisse. Nous sommes descendus du bus à l'intersection de la route et d'un chemin, que nous avons descendu pendant une demie heure dans la caillasse. Alors que je marchais péniblement, de peur de glisser sur les graviers, la femme qui m'accompagnait, elle, n'avait pas peur... Elle était en jupe, avec des chaussures à talons, son sac à la main, et elle fonçait... L'habitude sans doute...

 

 

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Après avoir visité ces huttes construites dans une falaise et recouverte d'un mélange de terre et de bouse de vache, discuté avec quelques habitants du village, et savouré un pique-nique panoramique (encore un ! Je vous rappele que Lesotho = montagnes), j'ai rejoint CxxxxxE et René-Paul, et nous avons savouré un vrai dîner mondain... C'était très intéressant que de discuter avec eux, puisqu'en tant que Consul Honoraire, CxxxxxE a plein de petites anecdotes à raconter, quant à René-Paul, sa connaissance du pays et son expérience du terrain le rendait captivant. Le voyage en sa compagnie s'annonce prometteur...

A suivre...      

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 19:31

 

Depuis Johannesburg, j'ai pris un bus pour Kimberley...

Kimberley est une ville de 220.000 habitants, située à 470 km de Johannesburg dans la province du "Northern Cape". Ce n'est pas vraiment une ville où les touristes s'arrêtent, et d'ailleurs, toutes les personnes que j'ai rencontré m'ont demandé : "pourquoi Kimberley?".

Pourquoi ? parce que vingt heures dans un bus de cinq fauteuils par rangée (où habituellement tu en as quatre) pour rejoindre Cape Town, ce n'est plus pour moi, mais surtout parce que Kimberley, c'est pour moi, six mois de recherche effectuées lors de mes années universitaires pour écrire mon mémoire de DESS : "le diamant, mythe ou réalité" (cela m'a même valu le premier prix... J'me rappelle encore de mon cadeau : un livre sur l'Égypte ancienne). Et à Kimberley, on est clairement dans le vif du sujet, puisque c'est là où à été découvert le premier diamant sud africain, en 1866 : l'Eurêka (21.25 carat, 4.25 g).


Pendant mes sept heures de bus, j'ai fait le connaissance de Corneille (Véronique, de son second prénom...). Quand elle s'est installée dans son fauteuil, elle s'est exclamée : "oh mon dieu". Tiens tiens, c'est français ça... En fait elle vient du Congo Brazzaville, et elle est comptable. Elle a pris un mois de vacances pour visiter une partie de sa famille qui vit à Johannesburg, et l'autre à Cape Town... C'est marrant, car quand on prenait des photos à travers la vitre, j'étais émerveillée par les grands paysages africains, ces grandes étendues d'herbes hautes brûlées par le soleil, elle au contraire, elle prenait les quelques villes et buildings modernes que l'on croisait sur la route...

 

 

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Puis sur les coups de 21h00, nous sommes arrivés à Kimberley... Le bus m'a "largué" avec deux/trois autres passagers à l'office du tourisme... Il faisait nuit, pleuvait des cordes, et je ne savait même pas dans quelle direction je devais aller... Après avoir attendu une demie heure en espérant que la pluie s'arrête, j'ai marché un kilomètre, mon parapluie dans une main, mes sacs dans l'autre, pour rejoindre la guesthouse que j'avais repéré dans mon guide. J'ai sonné, j'ai crié, j'ai appelé, mais il n'y avait personne... Je me suis sentie un peu seule ce soir là... Heureusement, Kimberley est bien plus sûr que Johannesburg...

J'ai toqué à la porte d'a côté, la "halfway house", un pub, café, restaurant, et hôtel ; le même qui, il y a prêt de 150 ans, servait de point de ralliement aux missionnaires/ chercheurs de diamants, car il est situé à mi chemin entre les deux plus grosses mines de l'époque (d'où son nom). Mais la réception était fermée... Par chance, oserais-je dire, il pleuvait des cordes, et le fils du propriétaire (qui gère l'hôtel en l'absence de son père qui est en mission en Afghanistan - il travaille dans l'US Navy), qui attendait que la pluie s'arrête pour rentrer chez lui, a réouvert la boutique pour me donner une chambre... Pffff, c'était moins une !


Le lendemain était un autre jour... Un grand ciel bleu, un peu plus d'animation dans les rues, mais surtout une idée précise de ma destination... J'ai commencé par une ballade dans le quartier résidentiel de Belgravia, où toutes les familles qui se sont enrichies lors de la chasse aux diamants, ont élu domicile, dont Cecil Rhodes, Barney Barnato ou encore sir Harry Oppenheimer, le fondateur de la De Beers.

 

 

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J'ai poursuivi par une visite du quartier central, où tout rappelle que sans les diamants, Kimberley n'existerait pas (et cela s'est confirmé lors de discussions que j'ai eu avec des locaux : 40 % des habitants travaillent pour le gouvernement, incluant le ministère des mines, le reste ou du moins une grosse partie, pour la DTC (Diamond Trading Company, anciennement De Beers)), j'ai dégusté un steak de springbok au Kimberley club, le club très sélect de l'ancienne bourgeoisie, fondé en 1881, puis j'ai terminé mon "diamond tour" par la visite du "big hole"...

 

 

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Le "big hole" est l'une des cinq mines à ciel ouvert, creusées afin de trouver la kimberlite, ce minéral constituant le diamant (origine du nom de la ville). C'est le plus grand trou jamais creusé par la main de l'homme : 170.000 m², 240 mètres de profondeur, 14,5 millions de carats extraits, soit prêts de 3 tonnes de diamants pour 22,5 million de tonnes de terre retournée par 50.000 travailleurs entre 1871 et 1914. En 1873, Kimberley était la seconde ville la plus peuplée d'Afrique du sud. Qui l'aurait cru en voyant cette petite ville de province aujourd'hui...

 

 

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En une journée, je pensais en avoir fait le tour, mais l'absence de bus le dimanche m'a contrainte à rester un jour de plus... Du coup, dimanche, j'ai pris mon temps : petit jogging dans les rues de la ville le matin, ballade dans le township de Galeshewe escortée de trois pompiers dans l'après midi (le mini bus dans lequel je me trouvais ne voulait pas que je me ballade seule dans le township et m'ont donc fait descendre à la caserne de pompiers, qui m'ont fait une visite guidée), puis soirée foot et concert au "halfway" (encore lui, car sans doute le seul endroit à être ouvert le soir...), pour voir le fameux match d'ouverture de l'african cup (Afrique du sud contre cap vert), et goûter les alcool locaux : l'amarula biensur, mais aussi le "wild africa", un autre alcool à base de crème, qui s'apparenterait à une glace plombière fondue...

 

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J'ai eu l'occasion de discuter avec quelques locaux, dont un contrôleur de diamants à la DTC, mais il ne s'est pas éternisé sur le sujet, car c'est "secret défense", et un jeune étudiant, fier d'être sud africain, mais qui s'inquiète de l'avenir de son pays. Il me disait, et ce n'est pas le premier, que depuis que l'ANC (le principal parti noir, celui de Mandela) a pris le pouvoir à la fin de l'apartheid, la situation économique du pays s'est aggravée. Mauvaise gestion, corruption, pression et menaces contre l'opposition... bref, c'est en train de devenir une république bananière ! Il prévoit, à la fin de ses études (il est étudiant en sciences), de quitter le pays, car il sait qu'en tant que blanc, il n'a que très peu de chance de trouver un emploi, car le gouvernement, pour inverser la tendance, a mis en place des lois favorisant l'embauche de la communauté noire... Une apartheid inversée m'a t-il dit... De toute façon, c'est un musicien dans l'âme, et il n'a aucune chance de percer dans son pays, selon lui... Mais c'est un beau pays !  

 

 

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Leçon N.2 : organiser un minimum son voyage si on ne veut pas rester en carafe ou finir la nuit dehors...

 

 

 

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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 15:06

 

 

Du Caire à Johannesburg, c'est à peu prêt huit heures de vol... Pas temps que ça de prime abord, mais toujours de trop quand tu voyages sur Egypt air ! Cela m'a permis de bouquiner mon rough guide, et de me faire flipper un peu... C'est mon premier voyage backpacker en Afrique, mais surtout... toutes les mises en gardes mentionnées dans mon guide... Ne pas se balader avec trop de valeurs, ne pas résister si on t'attaque, ne pas se balader toute seule après 17h00, ne pas aller dans tel ou tel quartier... Mais le point positif dans tout ça, c'est que la criminalité y est en net recul.... Si si, c'est marqué . Il n'y à plus que 15.000 meurtres par an, soit une quarantaine par jour !

Du coup, j'ai eu un peu de mal à sortir de l'aéroport... J'ai bien tournicoté pendant une ou deux heures avant de me décider à en sortir... Et mon argent, je l'ai planqué là où j'ai pu : dans mes chaussures et dans mon soutif !

 

 

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Lors de mon premier contact avec "l'extérieur", je n'ai pas vraiment senti cette insécurité et j'avais même le sentiment d'être parano... Il faut dire que j'ai directement pris le Gauten train, la nouvelle ligne de train reliant, entre autre, l'aéroport au centre de Johannesburg. Elle a été ouverte pour la Coupe du monde de football de 2010 et on ne peut pas dire que ce soit un moyen de transport utilisé par la majorité de la population, car compte tenu du coût du projet (20 millions de rands au lieu des 7 millions prévu initialement), le prix du billet est démesuré, et seule la population la plus aisée ou les touristes peuvent se le permettre. Du coup, dans les wagons, que des blancs... Pas vraiment représentatif !

Et puis à ma descente du train, Hxxxxxe, une hollandaise qui est arrivée en Afrique du sud à l'âge de 10 ans, est venue me chercher, pour me ramener chez elle. En chemin, nous nous sommes arrêtées au marché au gros des fruits et légumes : les trois ananas Victoria pour 15 rands (1,5 euros), le cageot de mangues, de pêches ou d'abricots pour 30 rands... Des abricots, ça fait plus de deux ans que je n'en ai pas mangé... Et puis en Russie, tu n'as que des pommes ou oranges décongelées à manger... Le bonheur !

 

 

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Elle vit dans le quartier de fontainebleau, dans la banlieue nord de Johannesburg. C'est un dédale de rues, bordées d'arbres en fleurs et de maisons cossues, toutes encerclées de fil barbelées et reliées à des compagnies de sécurité (securitas, ADT & Co ont de beaux jours devant eux...). En arrivant chez elle, nous avons êtes accueillis par ses quatre chiens, cinq perruches et perroquets, et ses deux loups... Oui, oui... des loups... Ils sont autorisés, apprivoisés, et servent de chiens de garde, mais sont curieusement plus affectifs et moins peureux que leurs congénères...

Hxxxxxe s'occupe d'un refuge pour animaux, aime jardiner, donne des cours de wine testing et d'artisanat, mais ce qui la fait vivre, c'est son entreprise de distribution de journaux qu'elle a rachetée à son père...
Après m'être installée, elle m'a indiqué le chemin pour prendre un "black taxi" qui allait me mener en ville. Les "black taxi", ce sont des mini bus que seule la population noire utilise (la plupart des blancs ayant une voiture). Ils ont été créés sous l'apartheid, car les noirs qui avaient été déplacés hors de la ville, n'avaient d'autre moyen que le "co voiturage" pour rejoindre le centre ville.

 

 

 

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En montant à bord, je suis rentrée dans le vif du sujet... Un mini bus que tu arrêtes quand tu veux y monter ou en descendre, dans lequel 21 personnes sont sensées tenir, et où tu deviens portier si tu te mets à côté de la porte, ou caissière si tu t'assoies devant. Je suis descendue au terminus, le taxi rank de Bree street, un bâtiment sombre à trois étages où tous les mini bus sont parqués. Cet endroit et réputé comme étant un coupe gorge après 18h00, heure à laquelle s'arrêtent de circuler les bus...

J'en suis vite partie, et ai commencé mon exploration du centre ville au grès du vent, car il est vivement déconseiller de marcher dans la rue avec un plan dans les mains... Qui dit plan, dit touriste, et dit argent... donc une cible potentielle... J'ai donc essayé de trouver mon chemin en le demandant à des locaux, mais à chaque fois leur réponse était : "vous êtes seule ? Ce n'est pas recommandé d'aller dans ce quartier... Faites attention à vos affaires...". Avec toutes ces mises en garde, on ne peut pas dire que j'ai profité de ma visite et que j'ai vu grand chose... J'y suis restée deux heures, et suis repartie... Le seul souvenir que j'ai pu rapporter du centre ville : deux-trois photos de peintures murales ou de rues désertes...

 

 

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Le lendemain, alors que j'attendais mon "black taxi" pour me rendre au musée de l'apartheid, j'ai fait la connaissance de Dudu (qui signifie "confort" en zoulou). Elle travaille à fontainebleau comme aide à domicile, mais ce jour là, c'était son jour de congé, et elle rentrait chez elle... à Soweto... J'ai changé mes plans, et je l'ai suivi pour visiter le plus célèbre township de Johannesburg...

Soweto est la contraction de South West Township. Il a été conçu en 1951, en application des nouvelles lois d'apartheid, pour recevoir des résidents noirs. À la base, cela devait être une banlieue noire constituée de petites maisons alignées, mais face à l'accroissement démographique, des bidonvilles ont fait leur apparition, rendant l'endroit insalubre. Cela va sans dire qu'il est déconseillé de s'y promener seule, mais j'étais avec Dudu... Et elle connait du monde et est respectée dans son quartier, car elle a suivi une formation de six mois pour devenir fonctionnaire de police...

 

 

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Elle nous a (avec un couchsurfeur brésilien qui était également hébergé chez Hxxxxxe), d'abord fait visiter sa maison, une maison en dur, avec une extension en tôle ondulée afin de pouvoir héberger toute sa petite famille (ils sont neuf à partager trois chambre dans un 50m2), nous a présenté sa fille d'une vingtaine d'années, et nous nous sommes promenés tous ensemble dans son quartier.

En chemin, nous avons rencontré Richard et son chien, qui balayait les mauvaises herbes de son jardin, Ben, qui croyait que j'allais supprimer sa photo après l'avoir prise (non non, c'est celui qui fait un coucou à la caméra!), et des fans de soccer, prêt à supporter leur équipe nationale pour la coupe d'Afrique des nations, qui commençait le samedi suivant, dans le stade d'a côté (le même qui a accueilli la dernière coupe du monde). Ils m'ont dit que je devais crier "Bafana bafana" (qui signifie Boys, Boys) pour supporter leur équipe, mais cela n'a pas suffit pour les faire gagner... Ils ont perdu contre le cap vert.

 

 

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Qui n'a pas entendu parler de Soweto ?
Ce lieu est rentré dans l'histoire lors des émeutes de 1976, déclenchées par l'entrée en vigueur d'une loi rendant obligatoire l'enseignement de l'afrikaans (la langue de la principale communauté blanche du pays). Les étudiants noirs avaient prévu de manifester pacifiquement, mais la police en décida autrement... Le bilan officiel fut de 23 morts et 220 blessés, mais en réalité, 575 personnes on été tués, dont la plupart de balles dans le dos. Des émeutes se propagèrent dans l'ensemble des townships du pays débouchant sur un embargo de l'ONU sur les ventes d'armes à destination de l'Afrique du Sud. Un mémorial en hommage aux victimes (dont Hector Pietersen, un garçon de 12 ans, le premier mort) a été construit, et cette date du 16 juin 1976 est devenu jour férié.

Et puis nous avons fini notre ballade dans un restau local, à déguster du pap, une sorte de porridge bien consistant, accompagné, la plupart du temps, d'une salade très très pimentée : le chakalaka.

 

 

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Dans l'après-midi, changement total de décors, puisque nous avons fait un tour dans la banlieue chic de Melville : villas, maisons coloniales, ruelles verdoyantes, magasins tendances. Nous y sommes retournés le lendemain soir pour assister à un concert de jazz sud africain, car ce soir là, nous étions conviés à un braai.

Le braai, c'est le repas le plus populaire des afrikaners, les blancs d'Afrique du sud... un barbecue entre amis. À tous les coins de rues (dans les quartiers blancs), tu peux voir des magasins vendant du bois pour faire ton BBQ, et des boucheries faisant la promotion de leurs fameuses boerewors (des saucisses rustiques faites d'un mélange de bœuf et de porc) qu'ils font griller à côté des rumsteck, t-bone et du garlic bread... Ils sont définitivement carnivores ici...

 

 

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Trois jours à Jo'burg, comme on l'appelle ici, est amplement suffisant... Mais je n'allais pas en partir sans en avoir visiter le musée de l'apartheid... C'est terrifiant... Je ne vais pas vous faire un cours d'histoire, car je pense que vous êtes déjà au courant, mais cela explique beaucoup de choses sur la situation du pays et le comportement des gens...



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Leçon N.1 : toujours bien rentrer avant la tombée de la nuit...  

 

 

 

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 16:00

 

 

Comme le temps passe vite… Cela fait plus d’un an déjà que je suis à Hong Kong.

Comment je m’en suis rendue compte ?

 

C’est simple, je me suis juste aperçue que je vivais mon/ma deuxième :

 

- 1er juillet : Anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine :

L’année dernière j’avais découvert que les gens défilaient dans la rue pour se plaindre de leurs conditions de vie, de ce qui ne leur plaisent pas dans leur pays, ou pour une cause qui leur est propre… Cette année, j’ai découvert que j’avais une belle vue sur le feu d’artifice depuis ma fenêtre. 

 

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- Mid Autumn festival (15ème jour du 8ème mois lunaire : 13 septembre 2011 / 30 Septembre 2012) :

L’année dernière j’avais découvert les lanternes, les dragon danses et les moon cakes*** (dont j’avais omis de vous parler)… Cette année, j’ai découvert qu’il ne faut jamais partir en Chine pendant un festival chinois…


*** Les mooncakes ce sont ces petits gâteaux ronds ou rectangulaires fourrés d’une pate assez riche, à l’origine, a base de pâte d’haricots rouges ou de graines de lotus, mais aujourd’hui au melon, aux dates, aux amendes ou encore aux graines de potiron. La seule constante, c’est le jaune d'œuf salé (en général de cane) à l’intérieur, censé rappeler la lune. Intéressé par la recette ?

 

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- Chung Yeung Festival (9ème jour du 9ème mois lunaire : 5 Octobre 2011 / 23 Octobre 2012) :

L’année dernière, c’était un week end de quatre jours à Séoul… Cette année, un week end de quatre jours à Shanghai… Conclusion, je ne sais toujours pas ce qu’est le fameux Chung Yeung Festival…

 

- Oktoberfest (au mois d’octobre… Logique !) :

L’année dernière, j’avais découvert le marketing très élaboré du Happy Valley Jockey club où l’objectif était clairement de vendre… Cette année, j’ai découvert la communauté allemande et leurs traditions. On ce serait cru à Munich : longues tablées en bois offrant une ambiance familiale, des grosses chopines de bières, des saucisses et des choucroutes, des allemands en habits de tyroliens, et d’autres en tenue d’Adam où la feuille était remplacée par une casserole qui servait de gong (un système ingénieux permettait à l’Adam en question d’actionner, grâce à un déhanché ultra sexy, une cuillère en leurs jambes, qui venait frapper la casserole… ), tout cela au rythme de « 99 and luftbaloon ». 


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- Halloween (31 Octobre) :

L’année dernière, j’avais découvert le carnaval de rue à Lan Kwai Fung et les costumes plus ou moins déjantés et sanguinolents des Hong Kongais… Cette année, je n’ai rien découvert de plus à Lan kwai Fong, car ils ont ressortis les mêmes décorations, et les habitants les mêmes costumes (en même temps, je ne dis rien, car j’ai également ressorti ma perruque et mon masque de sorcière de l’an passé). La seule nouveauté, c’est la musique… Gangnam style qui y passait en boucle… Cette année j’ai quand même expérimenté Halloween à Ocean Park, le parc d’attraction local avec pour l’occasion des maisons hantées qui te font plus rire que peur...


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Et puis il y a aussi mon deuxième noël, nouvel an et nouvel an chinois qui arrivent à grand pas… L’année dernière, c’était Bornéo et les Philippines, cette année… Je ne sais toujours pas…

 

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Et puis s’en suivront : 

 

- Le flower festival (5 février 2012 / 15-24 Mars 2013) :

C’est un concours de créations florales ayant pour but de promouvoir l’horticulture. L’année dernière, c’était sous le thème des continents… Cette année, suspens…

 

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Pacques (06-09 avril 2012, 29 mars-1er avril 2013) :

Alors là, je ne peux pas vous dire ce qu’il s’y passe, car l’année dernière, j’étais de retour parmi vous… Je sais juste que j’ai vu quelques lapins en chocolat, mais rien de comparable avec les chocolats de Bruges et Bruxelles 

 

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- Le rugby seven (23-25 mars 2012, 22-24 mars 2013) :

C’est le plus grand évènement sportif d’Asie, et surtout l’occasion de sortir son costume de carnaval et de picoler… Coté sport, ce sont des équipes de rugby de sept joueurs (au lieu de quinze habituellement) qui s’affrontent sur le terrain pendant seulement 15 minutes. C’est un Ecossais qui a créé le concept en 1883, car il souhaitait favoriser le spectacle et multiplier de ce fait le nombre de matchs. Tombé aux oubliettes, il a réssuscité à Hong Kong en 1976, et a maintenant lieu tous les ans. Cela va même devenir une discipline olympique lors des prochains jeux…

Coté rue, tu peux voir des coqs et des crocodiles à taille humaine sur une mini moto, des super héros ou des travestis d’un jour monter dans le tramway pour se rendre au stade, des australiens et Fidjiens totalement murgés dans les rues de Lan Kwai fong… Faut bien célébrer sa victoire…

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 - Le Tin hau festival (23ème jour du 3ème mois lunaire : 13 Avril 2012 / 2 Mai 2013)


S’il y a bien une divinité de vénérée à Hong Kong, c’est bien Tin Hau… Déesse de la mer et des pécheurs, elle a, à chaque coin de rue, un temple qui lui est dédiée. Elle a même une station de métro à son nom…


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Selon la légende, Lim Bek Niu (fillette silencieuse en chinois, car elle n’a pas poussé de cri à sa naissance) est la septième fille d’un pécheur. Au cours de sa vie, elle aurait aider, à plusieurs reprises, les marins qui luttaient contre les éléments en se tenant debout sur le rivage, vêtue de rouge, pendant des tempêtes ou des typhons. Mais l’exploit qui l’a érigée au rang de déesse est celui où elle aurait sauvé la vie de sa famille prise dans une tempête :  Un jour où son père et ses frères étaient sortis en mer, un violent orage éclata. L’ensemble de sa famille fut terrifiée et craignait pour leur vie, mais la petite Lim Bek Niu alla se coucher. Pendant son sommeil (ou sa transe), son corps se déplaça sur le rivage pour indiquer le chemin, et son esprit agrippa les pécheurs en difficulté pour les mettre en sécurité. Avant qu’elle ne puisse achever sa mission de sauvetage, sa mère la réveilla, stoppant net ses pouvoirs. Certains des marins, dont son père, ne purent être sauvés, mais l’évènement fut tellement remarquable qu’elle reçu, au fur et à mesure des dynasties qui se succédaient, le titre de « Princess of Supernatural Favour » sous l’empereur Gaozong (1155) ou encore celui de « Protector of the Empire and the Brilliantly Outstanding Heavenly Princess » sous la dynastie Yuan (1271-1368).

Tous les ans, les pécheurs et leur famille célèbrent son anniversaire pour se garantir sécurité, temps propices et bonnes prises en mer, tout au long de l’année à venir. Il est fêté dans tous les temples qui lui sont dédiés (environ 70 à Hong Kong), mais « the place to be » est quand même celui situé à Joss House Bay, car c’est le plus ancien d’Hong Kong (il date de 1266). 40.000 à 50.000 personnes s’y rendent chaque année, soit en empruntant un chemin de randonnée, soit en prenant l’un des ferries affrétés pour l’occasion… Moi, j’ai choisi le ferry…

 

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Avant même d’arriver à destination, le spectacle avait déjà commencé : les habitants, jeunes comme vieux faisaient sagement la queue afin d’embarquer à bord du ferry, une fois le bateau parti, chacun a commencé a bruler des bâtons d’encens (la compagnie des ferries avait prévu le porte encens) ou à jeter ses papiers d’offrandes à la mer afin qu’ils parviennent à leurs morts, puis en se rapprochant de notre lieu de destination, nous avons commencé à voir ce défilé de bateaux, des jonques traditionnelles chinoises décorées de drapeaux colorés, en gage de respect à leur protectrice.

 

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Une fois débarqués, chacun brule des bâtons d’encens, prie, et dispose ses offrandes devant le temple. Au menu nous avons donc oranges, pommes, poulet, canard, dim sum, et la pièce du boucher : le cochon de lait…

 

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Le cochon de lait, c’est toute une communauté qui l’a financé, l’ensemble d’un village venu sur ces fameuses jonques décorées et transportant également avec eux un « Fa Pau », une tour de 6 mètres de haut, faite de bambou, de papier et de symboles (le gingembre pour de nombreux enfants, un lingot d’or et un bateau pour la « good fortune » et une vie paisible, ou encore des rubans rouges pour la réalisation de leurs ambitions), faisant également apparaître l’effigie de leur déesse. Le but étant d’apporter chance et protection à l’ensemble de la communauté.

 

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Puis, les parades ont commencé… Un lion, puis un deuxième (à moins que ce ne soient des dragons) se sont joint à la partie et ont commencé à danser au rythme des percussions. Ils se sont rapprochés du temple pour rendre grâce à Tin Hau et, après avoir fait également des offrandes, sont repartis en marche arrière (ils ne doivent pas montrer leur derrière à leur déesse) pour continuer à danser.

 

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Sur les coups de midi / une heure, les cochons de lait, les « Fa Pau » et les lions et dragons de chaque communauté ont embarqué à nouveau sur leur bateau et sont repartis comme ils sont venus.

 

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- Le Cheung Chau Bun Festival (du 5ème au 9ème jour du 4ème mois lunaire : 25-29 avril 2012 / 14-18 mai 2013) :

 

Tous les ans, les habitants de Cheung Chau Island s’activent à préparer des effigies en papier mâché de leurs divinités, des costumes, des buns (la star du moment) et à construire des tours en bambou. La raison ? Le bun festival voyons !

 

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Once upon a time… Tout a commencé pendant la dynastie Qing (1644–1911), quand l’ile de Cheung chau fut dévastée par une épidémie de peste. Les villageois construisirent un autel devant le temple dédié à leur dieu Pak Tai (dieu taoïste censé apporter sécurité et bonnes prises aux pécheurs) et l’implorèrent de repousser les esprits maléfiques de leur ile. Au même moment, le reste de la population défilaient dans les rues du village avec des statues de leur divinité pour renforcer leurs prières. A la fin de leur parade, l’épidémie avait cessé.

 

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Depuis ce jour, tous les ans, les habitants de Cheung Chau répètent cette tradition : pendant trois jours, les habitants deviennent végétariens afin de se purifier des impuretés et d’apaiser les esprits errants de l’ile (toute l’île se met à la diète, même le mac do qui, pour l’occasion ne sert que des Mac veg’), les enfants du village paradent dans les rues vêtus des costumes de leurs divinités, accompagnés de gongs et de lions pour effrayer les mauvais esprits, mais surtout, le clou du festival, ce sont les trois tours en bambou de 20 mètres de haut, recouvertes de 6.000 buns, des petits gâteaux ronds donnés en offrande aux dieux pour les remercier de les avoir protégés. Le dernier jour du festival, à minuit, ces tours sont prises d’assaut par une centaine de personnes en quête de « good fortune ». Car les buns étant bénis, ils apportent à ceux qui les récupèrent, protection et bonheur. Ca, c’était jusqu’à ce qu’en 1978, une des tours s’effondre sur les spectateurs, blessant ainsi une centaine de personnes…

 

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Dès lors, la compétition fut suspendue pour reprendre en 2005, sous une forme totalement différente. Ce qui était à la base un festival religieux, s’est transformé en un évènement commercial : les tours en bambou ont été remplacées par des tours en acier, les courses aux buns, par de l’escalade sécurisée, les buns au lotus, sésame ou red beans qui recouvraient jadis les tours, par des buns en plastique, et les locaux, par des touristes (10.000 touristes sur trois jours de festival, contre 12.000 habitants à l’année).

 

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Il y en a quand même un qui fait de la résistance… C’est le Chef Guo Jin-quan, le fournisseur officiel des boulangeries de l’île en buns. Chaque année, il utilise 200 sacs de 23 kg de farine pour fabriquer les 70.000 buns consommés chaque année par les touristes. Cette boule blanche, siglée du caractère chinois « shou », signifiant « longévité » a fait des émules… Business oblige, elle est maintenant déclinée en coussin, porte clés, porte monnaie et même ventilateur !

 

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Si vous voulez tester à la maison, voici la recette...

 

- L’art fair & Co. ( 17-20 Mai 2012 , 23-26 Mai 2013) :

 

Depuis quelques années, Hong Kong semble avoir trouvé sa place dans le monde de l’art… Chaque année au mois de mai, la ville se transforme en une véritable salle des ventes : Art HK, Spoon, Asia International Arts & Antiques Fair, etc. Hong Kong est devenu le troisième marché aux enchères après New York et Londres, notamment grâce aux chinois, de plus en plus fortunés.

 

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Aujourd’hui, c’est en effet les chinois qui mènent le jeu : ils rachètent leur patrimoine que les collectionneurs occidentaux avaient acquis en leur temps et investissent dans l’art moderne occidental et chinois, mais pas trop moderne non plus… ils sont conservateurs et patriotiques, donc toujours attachés à leurs antiquités chinoises et aux peintures Pop Art de leurs héros communistes.

 

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Et pour faciliter le contact entre ces nouveaux acheteurs et les galeries, un nouveau concept est né : les hotel Art fair… Pendant trois-quatre jours, une soixantaine de chambres du 27ème au 30ème étage du Grand Hyatt Hong Kong ont été transformées en un lieu d’exposition branché et non conventionnel… Le lit, le rack à bagage, le mini bar, la penderie et même la cuvette des toilettes, sont utilisés comme support aux 2000 œuvres d’art qu’elles ont choisi (les galléries) d’exposer. Chaque gallérie a quartier libre pour réaménager sa chambre en atelier d’artiste.


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Déjà expérimenté à Tokyo et Séoul, chacun semble y trouver son compte… Les acheteurs potentiels peuvent se rendre compte de se que rendraient leur achat dans leur salon, les exposants économisent en coûts de location et peuvent cibler une nouvelle clientèle qui ne serait jamais entrée dans leur galerie, et les hôtels s’offrent une campagne de com’ gratuite, leur donnant une image d’espace culturel. Sans parler du simple visiteur qui peut déambuler dans les couloirs, passer de chambres en chambres et discuter dans une atmosphère bien plus décontractée avec les artistes. Moi, je suis arrivée juste au moment où l'un des commissaires priseur de la vente aux enchères questionnait un des artistes pour construire son argumentaire de vente. J’ai posé des questions à l’un comme à l’autre… Passionnant !

 

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- Le Dragon boat festival (5ème jour du 5ème mois lunaire : 23 juin 2012 / 12 Juin 2013) :

 

Avant d’être un évènement sportif, le dragon boat festival, originellement appelé « Upright Sun Festival », était un hommage à la mort de Qu Yuan (prononcé Chu Yuan), poète et homme d’état apprécié de l’époque des Chu, il y a plus de 2000 ans. Honnête et très attaché au royaume auquel il appartenait, Qu Yuan se suicida en se jetant dans une rivière, ne supportant pas de voir son royaume entre les mains d’officiels corrompus. Les pécheurs des environs tentèrent de le sauver, mais en vain. C’est ce que représente la course des dragon boats… les tentatives vaines mais frénétiques des pécheurs pour sauver Qu Yuan...

 

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Cette histoire, peu de gens la connaissent…

Pour les habitants et les touristes, le « dragon boat festival » est juste une compétition sportive à Hong Kong... Sa forme moderne, telle qu’on la connaît aujourd’hui, s’est développée à Stanley, un village de pécheurs au sud de Hong Kong Island, où la communauté d’expat’ qui y vivait commencèrent à s’intéresser aux courses auxquelles participaient les locaux.

Les premières courses « expat’ contre chinois » eurent lieu dans les années 1970 et attirèrent grand nombre de spectateurs. Aujourd’hui, c’est devenu un évènement très populaire, synonyme de fun, d’excitation, de camaraderie et d’esprit sportif.

 

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A Hong Kong, on dénombre 30.000 pratiquants qui s’entrainent plusieurs mois à l’avance pour être performant les trois jours que dure le festival, et pour affronter les 300 meilleurs équipes mondiales. Le secret : DHL (Deeper, Harder, Longer). Et je sais de quoi je parle… J’ai eu mon entrainement à Singapour…

 

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Ce que peuvent voir les spectateurs, ces sont de jolis bateaux à tête de dragon, des équipes de 18 rameurs, un leader et un percussionniste (c’est lui qui, selon la légende, faisait fuir les poissons en tapant sur des tonneaux, afin qu’ils évitent de s’attaquer au corps de leur héro), ainsi qu’une foule particulièrement danse. Normal, cela n’arrive qu’une fois par an !

 

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Vu de l’intérieur, c’est autre chose semble t-il… il y a d’abord plusieurs mois d’entrainement, puis tous les rituels religieux observés par les locaux : Quatre jours avant le festival : les dragons boats sont sortis de leur hangar et la tête du dragon est attachée au reste du corps. Les yeux du dragon sont peints en rouge par un prêtre taôiste, afin de lui donner vie, puis le matin de la course, les membres de l’équipe ramassent de l’herbe sur les hauteurs de Hong Kong, et la mette dans la gueule du dragon afin de chasser les mauvais esprits du bateau. Enfin, chaque bateau est mis a l’eau et fait trois aller retour perpendiculairement au temple du village, comme pour symboliser les prières faites aux divinités.

 Les courses, elles se déroulent sur une journée. Chaque équipe participe  à au moins deux courses de 12 bateaux. Les trois meilleurs participent à une ou deux autres courses pour se départager. Au total, ce sont une cent cinquantaine de bateaux qui s’affrontent pour finir dans les 6 premiers, leur laissant ainsi la chance de disputer la finale.


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Vu le nombre de courses, ce sont plein d’explosions de joies et de podium auxquels on peut assister, sans oublier les photos de groupes, plus déjantées les unes que les autres…

 

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A la fin des courses, la tête, la queue et les percussions du dragon sont retirées du bateau, le corps du bateau est recouvert de sable, le mettant ainsi au repos jusqu’au prochain festival, et les compétiteurs célèbrent leur victoire comme il se doit…

 

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- L’ani com fair (27-31 juillet 2012 / Juillet 2013) :

 

La foire des adolescents (mais pas que) qui regroupe le monde de la bande dessinée, de l’annimation et des jeux. Ce n’est pas tant pour le contenu que j’y suis allée, mais pour le show. En effet, tous les passionnés s’y rendent dans la tenue de leur héro préféré…

 

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- Le Hong Kong Food and Wine festival (1er-04 Novembre 2012 / Novembre 2013) :

 

L’évenement des épicuriens qui permet de découvrir les dernières creations culinaires et de tester les derniers grands crus… en théorie… car en pratique, c’est pluas la guerre pour accéder à un simple petit étal…

 

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Perso, je garde un meilleur souvenir du Island East Market, qui présentait les produits du terroir, sans que personne n’en sache rien…

 

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Et puis c’est sans compter tous les festivals que tu découvres par hasard en marchant dans la rue et qui ne font l’objet d’aucune campagne marketing… Comme celui dans le village de Tai O où je suis arrivée pil poil au moment où ils découpaient le cochon de lait (hmmmm), ou pour l’anniversaire de Guan Yia célébré à Central (inimaginable, puisque c’est le quartier des expat’)…


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Et quand tout est terminé, il faut nettoyer… jusqu’au prochain…

  

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Maintenant que vous avez toutes les dates, y a plus qu’à !

 

 

 

 

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 00:32

 

Ce Week end, je suis allée dans un endroit où très peu de Hongkongais se rendent. Et pour cause, il faut un permis pour y accéder… Cha Tau Kok et Kat’O Island…

« Comment ai-je fait ? » allez-vous me demander… Public relations !

Vous vous rappelez il y a deux mois, quand j’ai dû envoyer un SOS pour être sauvée d’un trek qui s’éternisait et que j’ai fini sur le bateau de la police maritime ? Et bien le policier en question, il a réussit à m’obtenir un laisser passer pour moi et deux de mes amis…

Pour le remercier de son aide, nous l’avons invité au restaurant et en avons profité pour lui poser plein de questions…

 

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L’une d’entre elle, et la plus importante selon moi, est la raison pour laquelle l’accès est limité. La réponse est simple… l’île de Kat’O est située à deux kilomètres au large de Shenzhen, quant à Sha Tau Kok, la ville de départ pour se rendre sur l’île, elle se trouve sur la bande de 2 kilomètres de large (FCA Frontier Closed Area) qui coure le long de la frontière Hong Kong-Chine. Toute cette zone fait donc l’objet d’un control renforcé afin de lutter contre l’immigration illégale, et les activités de contrebande.

Pour pénétrer dans cette zone protégée, il faut donc ce fameux sésame que tu obtiens en fournissant, entre autre, une lettre d’invitation d’un local. Il est valable quatre jours, et est limité à trois invités par habitant. 3300 personnes habitent Sha Tau Kok, moins de 500 sur l’île de Kat’O, donc l’aide de notre policier fut fort utile.

 

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Pour nous y rendre, nous avons pris un bus depuis la gare de Fanling (dans les nouveaux territoires), à trois arrêts de la frontière avec la Chine, puis un bus jusqu’à Cha Tau Kok, où un policier a embarqué pour contrôler le permit de chacun des passagers. Et attention à celui qui ne l’a pas… c’est une visite du commissariat et 500HKD d’amende (ou 2000HKD pour les récidivistes).

La mise en place de cette zone restreinte date des années 1950. Le gouvernement colonial de l’époque a certes réduit l’immigration illégale et les trafics en tout genre, mais a également tué l’économie locale qui, du fait des restrictions à l’entrée, limite le nombre de clients. Et c’est sans compter le manque de liberté et le sentiment d’emprisonnement des habitants, qui, même a l’intérieure de cette zone restreinte, se font contrôler par la police.

Avant d’embarquer à bord de notre bateau de 10H30 pour Kat’O, nous avons fait un petit tour du village : les lotissements traditionnels, les postes frontières à chaque rue reliant la Chine à Hong Kong, le seul et unique supermarché du coin, le port de pécheurs (à moins que ce ne soit celui de la police), un petit temple, avant de ne retourner au quai, le plus long de Hong Kong (300 mètres), alors qu’il n’est utilisé que par une ou deux centaines de voyageurs par jour (sa capacité étant de 1900 personnes !)…

 

 

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Et le sentiment général est en effet, que la ville est bien barricadée… Sur la terre, comme sur la mer… En marchant dans la rue, nous nous sommes fait contrôlés deux fois, et les gardes frontière sont là pour te rappeler que tu ne dois pas t’approcher de trop prêt ; sur la mer, tu as ces gigantesques bouées séparant bien la Chine d’un côté, et Hong Kong de l’autre… Au bout, un poste frontière flottant, toujours quelqu’un à bord…

 

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A 10H30 pétante, notre bateau est part, avec à son bord une petite dizaine de passagers… Nous faisons d’abord une escale à Ap Chau (Robinson Island), un confetti dans l’océan (moins d’un km2) où vivent huit personnes, puis poursuivons notre croisière pour Kat’O, un kilomètre plus loins… d’un coté, la Chine, ses containeurs et ses buildings, de l’autre, une cote sauvage, pareil à la Bretagne…

 

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En arrivant à Kat’O (Crooked Island), les passagers déchargent leur cargaison… Se rendre sur le « continent » est l’occasion de faire le plein, car autant dire que sur une île de 2,5km2 et de 50 habitants, il n’y a pas de supermarché…  Chacun se disperse dans l’unique rue du village : « Kat’O main street », où nous nous retrouvons seuls au monde parmi les maisons abandonnées du village...

 

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Dans les années 1950, l’ile comptait 4000 habitants, puis au fur et à mesure, les générations les plus jeunes sont partis pour allez chercher du travail où il y en avait, transformant ainsi leur île en village fantôme… De belles maisons de maitre se sont ainsi délabrées, la nature y a repris ses droits, mais surtout, l’école, ce qui fait l’âme d’un village, a fermé ses portes… J’y suis rentrée, et j’y ai visité ses salles de classes les une après les autres… Dans l’une, les photos de Mozart et Beethoven, dans l’autre, la pancarte récompensant les meilleurs élèves, dans la suivante, la  façon de bien tenir son stylo et de bien se tenir en classe… Visiblement, l’école a fermé en 2006… C’est la dernière date que j’ai pu voir accrochée au mur…

 

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C’est l’heure de déjeuner… Un bon repas de poissons, coquillages et crustacés, la spécialité du coin, puis nous partons à la recherche d’un endroit où établir notre campement… Notre objectif, retrouver la plage où j’avais échoué la dernière fois, et y monter notre tente, mais c’est bien connu, c’est toujours plus facile de trouver quelque chose quand on ne le cherche pas…

 

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Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé…  Mais après avoir longer la cote de sable /coquillages, puis de rochers, puis la mangrove, nous avons abandonner en voyant le soleil se coucher et la marrée monter. Après un magnifique couché de soleil, nous avons rebroussé chemin et planter notre tente sur la plage en face de la place du village. L’endroit idéal, puisque nous avons pu bénéficier de la surveillance du « village master» qui faisait des va-et-vient avec sa bicyclette en écoutant les grands classiques chinois, ainsi que de ses conseils avisés pour éviter les attaques nocturnes des sangliers : se séparer de toute nourriture qui pourrait les attirer… Mais le must, c’est la douche chaude qu’il m’a proposée. Un vrai régal après le bain de pied improvisé dans la bouillasse…

 

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A 21H00, extinction des lampes frontales… Moi, j’avais décidé de dormir à la belle étoile… Cela aurait pu être une bonne expérience si je n’avais pas passer la première partie de la nuit à me battre avec les moustiques, et la deuxième à me concentrer à ne pas avoir froid. Oui, car a minuit, les températures ont brusquement chuté, puis la pluie à commencé à tomber… Nous avons déménagé notre campement sous l’abri de la place du village et avons poursuivi notre nuit sur la très confortable dalle de béton. J’étais contente, à 5H00 du matin, quand le réveil s’est mis à sonner … mon sang allait pouvoir circuler à nouveau…


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Aussitôt levés, aussitôt partis… Nous avons fait l’ascension du point culminant de l’île afin de profiter du levé de soleil, mais pas de chance… le soleil avait décidé de rester couché… Nous sommes alors partis explorer la pointe sud de l’ile, en attendant que n’arrive le bateau de 10H30. Après avoir fait le plein de photos et d’energie, nous avons embarqué… back to 2012 !

 

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